«J’ai des droits. J’ai le droit à l’éducation, j’ai le droit de jouer, j’ai le droit de chanter, j’ai le droit de parler, j’ai le droit d’aller au marché, j’ai le droit de m’exprimer.»

Malala Yousufzai

mardi 13 octobre 2020

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. L’enfant, figure emblématique du respect dû à la dignité humaine


L’enfant est la figure emblématique de l’impératif éthique catégorique du respect dû à la dignité humaine.

Son être, dans toutes ses facettes – physique, psychologique, métaphysique –, dans toute son individualité, doit être ainsi sacralisé comme reflet du plus profond comportement moral que toute communauté humaine doit faire sienne, collectivement et individuellement, par chacun de ses membres pour chacun de ses membres, ce respect de soi et de l’autre sans lequel elle ne peut être qualifiée d’humaniste et aucun individu de vir virtutis (humain vertueux).

Ainsi, toute société qui affirme mettre la personne au centre de son agir, qui revendique d’être responsable et démocratique doit porter au plus haut l’affirmation absolue et inconditionnée que chaque enfant est dépositaire de ce que nous avons de plus capital et de plus vital et que, de ce fait, il est l’incarnation suprême de la vertu cardinale qui est notre plus impérieuse obligation, ce respect de la dignité humaine.

Pourquoi un tel statut?

Tout simplement parce que le petit humain est dans son essence, dans son existence, dans son devenir et dans sa fragilité tout ce que doivent défendre et protéger une société aux valeurs, aux règles et aux principes humanistes.

Cela ne signifie aucunement que l’enfant est un dieu, un extraterrestre, un roi, une icône ou même qu’il est un prix supérieur à celui d’un autre humain.

Cela veut dire que dans l’enfant, vis-à-vis de l’enfant, dans son comportement envers l’enfant, l’Humanité trouve ce miroir de ce qu’elle doit réellement être, de ce qu’elle doit vraiment défendre, de ce qu’elle veut se représenter d’elle-même mais aussi des métavaleurs qui la fondent.

Cela veut dire que l’enfant est un sanctuaire où doivent converger pour sa protection toutes les valeurs humanistes qu’une communauté civilisée qui se considère comme telle, doit radicalement et indispensablement appliquer.

Dès lors, si celle-ci ne respecte pas la dignité enfantine n’est pas, elle ne peut pas, elle ne peut jamais être une organisation sociale qui respecte la dignité humaine.

Vient en regard de cela, presque en contrepoint, une des choses les plus simples sur cette terre, «faire» un enfant.

 Une femme et un homme font l’amour, la femme tombe enceinte puis accouche d’un(e) petit(e) humain(e).

Cet acte naturel entre deux partenaires à la recherche d’un plaisir partagé et souvent dans une communion qui touche au divin et au sublime peut engendrer la création de ce que toute société a de plus précieux.

Mais rien n’est fait pour que ces futurs parents soient préparés à cette possible venue au monde et à ce choix.

Même si certains d’entre nous sont plus capables d’être «naturellement» des pères et des mères, même s’il y a aujourd’hui des cours d’éducation sexuelle pour les adolescents, il n’y a aucune formation qui concerne la décision elle-même de devenir parent ainsi de ce que cela implique pour les géniteurs et, surtout, pour l’enfant à naître.

Notre époque permet ou non d’être parent mais elle ne nous prépare pas à l’être, non pas quand la femme tombe enceinte et pendant sa grossesse mais déjà bien en amont ce qui permettrait un vrai désir d’enfant en toute connaissance de cause, en toute responsabilité.

Tout parent en devenir devrait être informé de ce que cela représente d’être les guides de vie et les accompagnateurs d’un enfant.

Autre problème de taille, lorsque cette simplicité se complique avec le problème de l’infertilité de certains couples hétérosexuels ou du «désir d’enfant» de ceux qui ne peuvent enfanter par voie naturelle comme les personnes seules ou les couples gays.

Du coup, cette naissance si «simple», si naturelle acquiert une deuxième dimension éthique forte et évidente parce qu’il s’agit, non pas, d’un désir d’un objet quelconque mais d’un être vivant, un être humain, d’une personne à part entière et d’un individu qui, nous l’avons vu est le récipiendaire emblématique des valeurs humanistes d’une société, la jauge en quelque sort de sa réelle qualité.

La nature ou des puissances célestes, comme chacun voudra selon ses convictions, ont voulu que le nouveau venu ne puisse être que le fruit d’une union sexuelle entre un mâle (spermatozoïde) et une femelle (ovule) pour pratiquement toutes les espèces qui peuple notre planète.

Ceci est une réalité.

A-t-elle un impératif à demeurer immuable ou peut-on s’arranger avec en permettant à tous un «droit à» l’enfant, en créant, par exemple, un humain issu de spermes et d’ovocytes fabriqués en laboratoire parce que nous avons réussi techniquement à ne plus rendre le rapport sexuel obligatoire pour enfanter?

Et comment concilier le principe selon lequel le corps de chacun lui appartient et le problème de l’enfant conçu se trouvant encore dans le ventre de sa mère ainsi que ses droits qui peuvent ne pas correspondre à la volonté (et aux droits) de la femme dans le corps duquel se trouve l’enfant à naître (on ne parle ici que d’un fœtus qui n’est plus un amas de cellules, donc un être en devenir, donc pas de la question de la liberté d’avortement des femmes).

Mais on parle de tout le reste comme, par exemple, de la PMA et de la GPA.

Une ligne directrice doit toujours guider toutes ces questions: l’intérêt de l’enfant.

Ce n’est qu’en adoptant ce point de vue dès le départ que l’on peut éviter le plus possible (mais jamais à tous les coups) les mauvais choix et que la vie d’un enfant se passe de la meilleure manière possible, avec le plus d’amour, le plus de respect et cette responsabilité de lui donner le plus d’outils qui lui serviront toute son existence pour qu’elle se déroule au mieux.

C’est en tout cas la volonté infrangible et la mission intangible que se fixent les humanistes, ceux qui voient dans la personne l’origine et le but de toute association, de tout vivre ensemble.

Alexandre Vatimbella