«J’ai des droits. J’ai le droit à l’éducation, j’ai le droit de jouer, j’ai le droit de chanter, j’ai le droit de parler, j’ai le droit d’aller au marché, j’ai le droit de m’exprimer.»

Malala Yousufzai

mardi 20 novembre 2018

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Tous les jours doivent être la journée de l’enfant! Opus 2


L’année dernière en ce 20 novembre j’ai écrit un éditorial «Tous les jours doivent être la journée de l’enfant!» que je pourrais reprendre à l’identique à la virgule près! (texte à lire ci-dessous).
Car, en un an, rien n’a changé ou si peu.
Tout juste sait-on qu’il n’y a toujours pas de ministère dédié aux enfants (une faute politique de Macron, malheureusement sans doute pas une faute électoraliste comme l’augmentation des taxes sur les carburants…) et que c’est le ministère de la Santé qui a récupéré la problématique de l’enfance avec des annones de-ci, de-là, et un prochain plan qui devrait être annoncé avant la fin de l’année.
Mais où sont les actions concrètes, où sont les moyens financiers dégagés, où en est la prise de conscience collective?
Où en sont les grandes campagnes de prévention et d’information?
Où en est l’année de l’enfance, grande cause nationale, que demandent toutes les associations de protection des enfants depuis des années?
Pourquoi n’enseigne-t-on pas dans les écoles, les collèges et les lycées les dangers des agressions sexuelles pour que les enfants soient au moins au courant des dangers qu’ils peuvent courir?
Pourquoi aucun président de la république n’a jamais pris la parole en ce 20 novembre pour dire combien l’Etat se préoccupe du bien-être des enfants?
Pourquoi la maltraitance aux enfants ne fait les gros titres que lorsqu’il y a un fait divers scabreux ou pour cette «journée» du 20 novembre?
Pourquoi, surtout, la société ne respecte pas les enfants et l’enfance comme cela devrait être fait, que ce soit les pouvoirs publics ou la population?
Trop de pourquoi pour si peu d’agir.
Alors, dans un an, le 20 novembre 2019, je pourrai réécrire la même prose que vous pourrez relire encore une fois.
Puis en 2020, 2021, 2022, 2023,…


Ce 20 novembre, comme tous les ans depuis 1993, est la Journée internationale des droits de l’enfant (*).
Loin de moi de vouloir supprimer cette date qui a le mérite d’exister en faisant parler un peu plus des problèmes des enfants et de l’enfance comme on peut le constater dans les médias.
Mais, cette journée ne doit pas être un alibi, un gadget ou une manière d’évacuer le problème les trois cent soixante quatre autres jours de l’année.
De même, comme pour la journée de la femme ou d’autres journées de ce type, c’est bien tous les jours, toute l’année, que l’on devrait célébrer les enfants et leurs droits.
Non pas parce que ceux-ci sont des dieux à vénérer comme l’affirment tous les adultes frustrés qui croient que les enfants sont des rois et sont respectés, si ce n’est dans le monde entier, en tout cas en France et qui, pour certains, ont oublié qu’ils ont été des enfants.
Mais parce que, si la condition de l’enfant est évidemment bien plus enviable dans les pays avancés, affirmer qu’il est respecté comme une vraie personne et qu’il n’est victime d’aucune violence, discrimination et condition de vie parfois indigne, est tout simplement un mensonge.
D’abord, tordons le cou à cette infâme idée que l’enfant serait un roi.
En réalité, dans notre société où pullulent les égocentristes égocentriques, l’enfant est mis par ceux-ci sur un piédestal uniquement parce qu’il est leur rejeton.
Car les rois ce sont eux et leur progéniture fait partie de la famille royale mais n’est pas du tout respectée comme des personnes.
Voilà qui est dit.
Maintenant, tous les jours nous apprenons que des enfants ont été violentés physiquement ou psychologiquement, assassinés, qu’ils vivent dans la rue ou dans des taudis, qu’ils ne sont pas scolarisés, qu’ils vivent dans un état de pauvreté indigne, etc.
Et tout cela, pas à des milliers de kilomètres mais, ici, en France.
Imaginons ce que c’est, ailleurs, où certains sont des esclaves (comme travailleurs ou comme objets sexuels), de la chair à canon ou des bombes humaines télécommandées (à ce sujet, il faudrait que les médias arrêtent de dire qu’ils se sont fait sauter dans un attentat-suicide alors qu’ils sont quasiment tous jetés au milieu de gens avec une bombe munie d’un minuteur ou télécommandée et qu’ils seront les premières victimes des monstres qui les ont obligés à la porter).
Imaginons dans quelles conditions exécrables ils vivent dans les pays pauvres où ils n’ont pas assez à manger, où ils ne peuvent pas étudier, où ils n’ont aucune perspective d’avenir.
Alors, au lieu de se raconter des histoires sur l’état de l’enfance en France (pays qui, rappelons-le, a été critiqué récemment sur nombre de points par l’UNICEF dans un rapport détaillé) et de croire que tout ne va pas si mal parce que des ONG tentent de palier au plus pressé, agissons.
Et pas seulement le jour de la journée internationale de l’enfant.
Comme le dit l’ancien président du tribunal pour enfants de Bobigny et défenseur infatigable de la cause des enfants, Jean-Pierre Rosenczveig, dans son blog (lire ici l’entier article intitulé «20 novembre, jour des droits de l’enfant: une blague?), «on ne sent pas un appétit, on ne sent plus une dynamique sur le thème ‘droit des enfants’. On va commémorer quand il faudrait s’engager. On met le focus sur le seul dossier économique. Et on a tort: pour essentiel il ne suffit pas à rendre justice aux plus faibles ou à prendre en compte les plus fragiles.»
Et de s’interroger comme je l’ai fait ici voici quelques mois: «L’enfant est-il encore un objet explicite de politique publique? On peut en douter avec la disparition d’un ministère de l’enfance même associé à la famille. Qui sait aujourd’hui quel est le ministre en charge du dossier ‘droits des enfants’?»
Oui, monsieur Macron, s’occuper des enfants nécessite un ministère à part entière.
En tant qu’humanistes, les centristes doivent être au cœur de ce combat pour les droits de l’enfant mais, plus largement, pour le respect du aux enfants et à l’enfance parce qu’en protégeant, en accompagnant et en reconnaissant ceux-ci comme des personnes, il en va de ce que nous sommes, de cette part du divin qui est en nous et de ce que nous voulons bâtir sur cette planète pour nous, pour eux.

(*) Elle est l’héritière de la Journée mondiale de l’enfance instituée par l’ONU en 1954 et toujours célébrée comme telle par l’organisation internationale