«J’ai des droits. J’ai le droit à l’éducation, j’ai le droit de jouer, j’ai le droit de chanter, j’ai le droit de parler, j’ai le droit d’aller au marché, j’ai le droit de m’exprimer.»

Malala Yousufzai

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La Révolution de l’Enfant

Changeons le monde en aimant nos enfants


Alexandre Vatimbella



L’enfant n’a pas de valeur, il a une âme.
Et c’est ce qui fait qu’il n’a pas de prix!



Ici, il n’est pas aimé.
Là, il est violenté.
Ici, il n’est pas respecté.
Là, il est assassiné.
Ici, il n’est pas reconnu.
Là, il est violé.
Ici, il n’est pas une personne.
Là, il est un esclave.
Ici, il ne peut être lui-même.
Là, il meurt dans l’indifférence.
Ici, il n’est qu’un objet.
Là, il est une marchandise.

Alors, ici et là, ses bras se tendent.

Et les nôtres?

Trop souvent, son besoin d’amour se perd dans les déserts de notre insensibilité.
Trop souvent, ses cris de détresse se fracassent contre le mur de notre indifférence.

Tous les jours, ici et là, des enfants sont victimes de notre démission.
Chaque année, ici et là, passifs, nous regardons des millions d’enfants souffrir et mourir.

Vous qui aimez les enfants, vous demandez pourquoi.
Vous qui respectez les enfants, vous vous demandez quoi faire.

La réponse,
La Révolution de l’Enfant.

C’est grâce à elle que tous les enfants, partout dans le monde, seront aimés pour ce qu’ils sont dans le respect de leur personnalité.
C’est grâce à cet engagement de nous tous que, aux quatre coins de la planète, cette révolution deviendra une réalité.

Une Révolution de l’Enfant qui ne sera achevée que le jour où tous les enfants, sans exception aucune, seront aimés, respectés, aidés et protégés.

Et si nous commencions, ici et là, tout de suite, sans attendre?!



N’oublions pas que,
- Entre 500 millions et 1,5 milliard d’enfants ont été affectés par la violence en 2009.
- 8,8 millions d’enfants de moins de cinq ans sont morts en 2008 dans le monde.
- 4 millions d’enfants meurent au cours de leur premier mois de vie dans le monde.
- 4 millions d’enfants de moins de cinq ans meurent chaque année de diarrhée, de paludisme et de pneumonie.
- 2 millions d’enfants de moins de 15 ans dans le monde sont séropositifs.
- 1,2 million d’enfants environ ont été victimes de la traite chaque année, depuis 2000.
- 150 millions d’enfants de 5 à 14 ans sont engagés dans une activité économique.
- 215 millions d’enfants de 5 à 17 ans sont obligés de travailler dont 115 millions dans des activités dangereuses.
- 145 millions d’enfants ont perdu un parent, ou les deux, toutes causes confondues.
- 70 millions de femmes et de filles de 29 pays ont subi une mutilation génitale ou une excision.
- Plus de 64 millions de femmes de 20 à 24 ans habitant le monde en développement se sont mariées avant l’âge de 18 ans.
- 51 millions d’enfants n’ont pas été enregistrés à la naissance
- 18 millions d’enfants sont affectés par les déplacements de population.
- 15 millions d’enfants ont perdu un parent ou les deux à cause du SIDA.
- 14 millions de jeunes femmes ont un enfant entre 15 et 19 ans.
- Plus d’1 million d’enfants sont détenus à la suite d’une procédure judiciaire.
- 1 milliard d’enfants sont privés d’un ou plusieurs services essentiels à leur survie et à leur développement.
- 148 millions d’enfants de moins de cinq ans des régions en développement souffrent d’insuffisance pondérale pour leur âge.
- 101 millions d’enfants ne vont pas à l’école primaire, les filles étant plus nombreuses que les garçons.
- 37 millions de nourrissons ne reçoivent pas le sel iodé qui les protègerait des carences en iode.
- 22 millions de nourrissons ne sont pas protégés des maladies infantiles par une vaccination de routine.
- 19 millions de nourrissons des pays en développement souffrent d’insuffisance pondérale à la naissance.
- Plus de 265.000 enfants maltraités sont placés sous protection en France, soit 1,8% des moins de 18 ans.

Même si,
- Le nombre de décès d’enfants de moins de cinq ans dans le monde est tombé de 12,5 millions en 1990 à moins de 9 millions en 2008.
- L’allaitement exclusif au sein a augmenté pour les bébés de moins de six mois.
-La protection complète assurée aux enfants des régions en développement par la distribution de deux doses de vitamine A est passée de 16 à 62 % depuis 1999.
-Les vaccinations par trois doses de vaccin DTC ont augmenté, passant de 75 % en 1990 à 81 % en 2007.
- Les vaccins ont sauvé des millions de vies et contribué à réduire de 74 % les décès imputables à la rougeole dans le monde depuis 2000.
- Depuis 2000, l’usage de moustiquaires traitées à l’insecticide pour protéger les moins de cinq ans contre le paludisme a nettement progressé en Afrique subsaharienne.
-La prévalence du VIH a décliné depuis 2000 chez les femmes de 15 à 24 ans qui fréquentent un dispensaire prénatal dans 14 des 17 pays où l’on dispose de données suffisantes pour déterminer une tendance.
-Le traitement du VIH a considérablement augmenté pour les enfants de moins de 15 ans, surtout en Afrique subsaharienne.
-Le nombre d’enfants ne fréquentant pas l’école a diminué, de 115 millions en 2002 à 101 millions en 2007.
-Plus de 90 % des élèves des pays en développement allaient jusqu'à la fin de l’enseignement primaire en 2000-2007.
-La parité des sexes dans le primaire s’améliore avec un index de parité qui monte à 96 % ou plus dans la plupart des régions en développement.

(Sources: Unicef, BIT, gouvernement français)





I

Une vraie révolution des enfants - Une vraie révolution par les enfants

Une vraie révolution pour les enfants

Un monde meilleur passe par la Révolution de l’Enfant


Vos enfants ne sont pas vos enfants, ce sont les fils et les filles de l’appel de la Vie. Ils viennent à travers vous et non pas de vous, et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas.
Khalil Gibran


De tout temps, l’enfant a représenté l’espoir de l’Humanité. Aujourd’hui où cet enfant est plus désiré que subi dans la plupart des sociétés, notamment celles des pays avancés, il n’est pas compréhensible qu’il puisse être rejeté de quelque façon que ce soit par la communauté, d’autant qu’il est la matérialisation de plus en plus d’un acte d’amour. Et c’est par un autre acte d’amour que nous devons lui faire toute la place qui lui revient dans ce monde et dans la communauté.


La Révolution de l’Enfant, Révolution de l’Amour

La Révolution de l’Enfant, c’est la Révolution de l’Amour, la révolution définitive, celle qui permettra de changer réellement la société.

La Révolution de l’Enfant, c’est aimer l’enfant.

Aimer l’enfant c’est, dans l’affection, le respecter, l’aider et le protéger.

Respecter l’enfant signifie respecter et reconnaître ce qu’il est, ce qu’il pense, ce qu’il fait, ce qu’il dit, ce qu’il veut devenir, le respecter et le reconnaître comme une personne digne, indépendante et libre.

Aider l’enfant signifie lui permettre d’être capable de se construire lui-même, de s’autonomiser, de pratiquer sa liberté, c’est lui montrer l’importance d’être plutôt que d’avoir, c’est lui transmettre un savoir et des valeurs humanistes, tout en le conseillant et en lui apprenant le respect du aux autres.

Protéger l’enfant signifie l’éloigner des risques subis de toute nature venus de l’extérieur et l’empêcher, par le conseil et l’information, d’avoir des comportements à risques pour sa santé physique et psychique qu’il ne peut maîtriser, lui assurer son intégrité physique, psychique et émotionnelle.

Aimer l’enfant, c’est donc lui permettre dans une atmosphère affective de s’épanouir afin d’avoir une vie présente et future accomplie.

La Révolution de l’Enfant, c’est reconnaître l’enfant comme une personne à part entière, étant à lui-même, sujet de sa propre vie et non objet de la vie d’autres et de leurs projections, possédant une âme et non une valeur, c’est reconnaître l’enfant dans toutes ses dimensions tout en le protégeant des dangers qui le guettent et non de lui-même, le tout dans une affection et un amour indispensables à son développement afin qu’il s’épanouisse pour que la personne qu’il est et qu’il sera s’accomplisse durant toute son existence.

Soyons clairs et nets, cette Révolution de l’Enfant n’est absolument pas un doux rêve utopique irréalisable. Aimer vraiment les enfants en les respectant, en les aidant et en les protégeant est tout à fait possible dès aujourd’hui par toute la société. Il suffit simplement de le décider et d’agir en conséquence. En réalité chacun de nous le sait au plus profond de son cœur. Il suffit de ne pas éteindre la flamme de l’espérance qui est dans celui-ci depuis notre conception. Il suffit de ne pas renoncer à l’amour, le vrai, celui qui est partage. Il suffit de vivre pleinement notre humanité.

Aimer les enfants, quelle belle mission, quel bel objectif. Tout le monde en convient. Mais qu’est-ce que cela veut dire concrètement? Beaucoup de choses qui peuvent paraître contradictoires mais qui forment un tout. Ainsi, nous devons respecter leurs personnalités et leurs volontés, nous devons les aider à se construire, à construire leurs vies pour qu’elles soient les plus belles possibles, les plus remplies possibles tout en les protégeant, ce qui signifie leur interdire un certain nombre de choses qu’ils souhaiteraient avoir et d’autres qu’ils voudraient faire. Néanmoins, ces interdictions doivent être uniquement motivées par l’impérieuse nécessité de les protéger physiquement et psychiquement ainsi que par le respect du aux autres, mais un respect identique à celui qui leur est dû et non un respect d’un niveau supérieur, cette allégeance de «petite» personne à «grande» personne que réclament souvent les adultes de la part des enfants. Et toutes les interdictions doivent pouvoir leur être expliquées.


La Révolution de l’Enfant, Révolution définitive

La Révolution de l’Enfant est la Révolution définitive parce qu’elle changera une bonne fois pour toute la manière de concevoir la vie en société et les rapports entre les êtres humains. Dès lors, dans son acceptation d’achèvement d’un but poursuivi par l’Humanité, dans ce qu’il est possible de construire de mieux sur cette Terre, cette révolution doit être comprise que comme «définitive», c’est-à-dire comme la seule révolution possible, comme le seul événement pouvant être estampillé «révolution».

Bien entendu, cela ne veut pas dire qu’une société issue de cette «Révolution définitive» n’aura aucune dynamique, au contraire, puisque sur ses fonds baptismaux elle aura une immense tâche à mener à bien, une tâche sans fin, le terme «définitive» ne signifiant pas qu’un retour en arrière est impossible mais seulement qu’une nouvelle ère est enfin possible. D’autant que l’on sait bien que ce que les hommes et les femmes bâtissent, ils peuvent, de la même façon, le détruire (bien que la société issue de cette Révolution définitive devrait être, dans son fonctionnement idéal, à l’abri d’une telle mésaventure).


La Révolution de l’Enfant, révolution mondiale

Pour être totalement définitive, la Révolution de l’Enfant doit être mondiale sachant qu’une des difficultés en la matière vient de ce que la condition de l’enfant n’est jamais partout identique aux quatre coins du globe. Cependant, le statut de l’enfant doit devenir le même partout, c’est-à-dire que l’on doit aboutir, petit à petit, à une convergence des différents statuts qui doivent se fondre, in fine, en un statut unique.

La vocation mondiale de la Révolution de l’Enfant n’empêche pas qu’elle ait lieu à un rythme et selon des modalités différents selon les régions du monde. Mais, partout dans le monde, les énergies du changement humaniste doivent se battre pour que l’enfant soit aimé de la même manière dans le respect, l’aide et la protection.


L’enfant, pierre angulaire de la Révolution définitive de l’Amour

La Révolution de l’Enfant c’est aussi faire de l’enfant la force motrice et la pierre angulaire d’une révolution encore plus large qui inclura l’humanité toute entière et qui permettra d’édifier une société de l’Amour, celle du Respect, de la Tolérance et de la Solidarité dans la Liberté.

Quand, partout dans le monde, nous aimerons l’enfant pour lui-même, tout en le respectant, l’aidant et le protégeant, alors nous aurons accompli une révolution pour toute l’humanité. L’amour donné aux enfants, à terme, ne peut qu’irriguer entièrement la société et apporter les même bienfaits aux êtres humains de toute la planète.

Mettre l’enfant au cœur de la communauté humaine et en faire ainsi la préoccupation première de celle-ci, c’est mettre la personne, quel que soit son âge, au cœur de la problématique sociétale car ce n’est qu’en aimant les enfants que tous les membres de la communauté pourront s’aimer les uns les autres.

La Révolution définitive de l’Amour doit établir une société mondiale de Respect, de Solidarité et de Tolérance dans la Liberté. Mais pour qu’elle ait lieu, il faut évidemment qu’une Révolution de l’Enfant permette aux enfants de se développer dans le meilleur environnement possible grâce à l’affection qu’ils recevront.

Un enfant aimé est la condition indispensable et incontournable d’une communauté respectueuse de tous ses membres.

Ceux qui n’aiment pas les enfants n’aiment pas la vie et ne peuvent aimer les autres, quels qu’ils soient.

Se battre pour les enfants, c’est se battre pour une humanité meilleure.

En quoi le monde serait-il meilleur si nous aimions vraiment les enfants? Il le serait parce que nous serions alors capables de prendre soin d’une manière désintéressée de ce qui a le plus de valeur pour l’Humanité. De plus, en aimant les enfants, nous serions capables d’en faire des personnes épanouies et aimantes des autres et de leurs enfants ce qui, de générations en générations, édifierait une humanité toujours meilleure. C’est cela la Révolution de l’Enfant.


Changer notre vision de l’enfant

Les enfants sont les seuls à pouvoir être le centre de cette Révolution de l’Amour. L’amour apporté aux enfants qui sont l’avenir de notre espèce et qui sont physiquement plus faibles rejaillira nécessairement sur toute la communauté. La création d’une atmosphère et l’adoption d’un comportement en regard de cet amour dû aux enfants, donnera à la société la capacité de se respecter enfin elle-même, de respecter tous ses membres, de faire en sorte que nous nous respections les uns, les autres et de faire émerger entre nous de nouveaux comportements.

Car ce n’est pas tant en «changeant l’enfant», comme un a priori nécessaire, que l’on va changer en profondeur la société mais c’est en «changeant notre vision de l’enfant», en revisitant d’abord notre vision et notre comportement vis-à-vis des enfants par l’amour, que ceux-ci deviendront des êtres aimants, ce qui changera la société en profondeur.

En aimant les enfants, non seulement nous leur offrons une plus belle enfance mais également une vie future plus belle, plus équilibrée en en faisant des personnes naturellement plus aimantes et respectueuses de l’enfance.

Nous enclenchons ainsi un cercle vertueux où en aimant leurs enfants, les adultes peuvent s’aimer les uns les autres et créer les conditions pour, qu’une fois adultes, les enfants qu’ils ont aimés, aimeront à leur tour et mieux encore qu’eux, leurs enfants.

Un enfant aimé deviendra plus sûrement un adulte aimant.


Oui, l’enfant est une personne

Pour ceux qui savent depuis toujours que l’enfant est une personne à qui on doit amour, que l’on doit respecter dans toutes ses dimensions, que l’on doit aider et que l’on doit protéger, les récentes «découvertes» démontrant qu’il est un être moral, intelligent, affectif et doué des mêmes capacités que les adultes dans la plupart des domaines, ne sont pas des surprises.

Oui, l’enfant est une personne à part entière, pas un demi-être humain ni même une personne en devenir.

Oui, l’enfant n’est pas un futur adulte et l’adulte n’est pas un ancien enfant mais, de sa naissance à sa mort, l’être humain est un individu unique et indivisible, vivant différentes périodes de son existence dans une communauté dont il a besoin pour vivre en sécurité et qui lui garantit, en retour, sa liberté dans l’autonomie et la différence, faisant de lui une personne constamment en train d’accumuler de l’expérience et de la compétence.

Même si notre enfance est un temps différent de notre vie d’adulte, il faut mettre fin à cette affirmation schizophrénique selon laquelle «moi-enfant» et «moi-adulte», ce n’est pas la même personne. Evidemment, c’est la même personne mais à des périodes de notre vie différente. Evidemment, de notre naissance à notre mort, nous sommes la même personne.

Nous savions déjà qu’il fallait protéger la période de l’enfance parce que l’enfant est un être fragile. Nous savons maintenant, scientifiquement, qu’il faut, dans le même temps, garantir l’autonomie et la liberté de l’enfant parce que celui-ci possède les capacités affectives, intellectuelles et morales pour se construire tout en étant aidé et protégé.

Nous devons reconnaître l’enfant en tant qu’être à qui nous devons l’accompagnement, l’aide et la protection tout en respectant sa qualité de personne autonome et libre.

«La reconnaissance de l’enfant comme personne, comme individu, ne signifie pas que l’enfant est un adulte. Elle indique que le processus central des sociétés contemporaines occidentales – l’individualisation – touche désormais aussi les enfants. La nature sociale de l’enfant, dans nos sociétés, est d’être double: être ‘petit’ – c’est incontestable – mais aussi être un individu comme les autres méritant d’être traité avec le respect propre à toute personne. (…) L’enfant est à la foi fragile comme un enfant et respectable comme tout être humain. (…) Cette tension permanente entre ‘protection’ et ‘libération’ caractérise la spécificité de l’individualisation pour l’enfant.» (1)


Non, l’enfant n’est pas respecté

La Révolution de l’Enfant, c’est cesser de prendre les enfants pour des imbéciles naïfs, incapables et manipulables quand cela nous arrange ou de les traiter en objets de grande valeur que l’on s’approprie, voire, parfois, leur demander d’agir en adultes, soit quand nous n’assumons pas notre rôle, soit quand nous voulons les rendre responsables de leurs actes comme s’ils étaient des grandes personnes.

Nous devons également cesser de traiter l’enfant en être irresponsable quand cela nous arrange et en être responsable pour notre profit. Or, c’est tout le contraire qu’il faut faire. Nous devons lui porter assistance quand il en a besoin et lui laisser son autonomie et sa liberté le plus souvent possible. Si nous faisions ainsi, nous aurions déjà bâti les fondations de la Révolution de l’Enfant.

De même, amour des enfants ne veut pas dire instrumentalisation par les adultes de la cause des enfants pour leurs propres intérêts comme on peut le voir trop souvent à travers le monde, même chez nous dans de banals actes du quotidien quand des parents, au nom soi-disant du bien-être et de la défense de leurs enfants tentent d’obtenir des avantages pour eux-mêmes ou réclament des passe-droits pour leur unique confort.

Beaucoup de gens prétendront que ces affirmations sont sans fondement parce que notre société d’aujourd’hui déifie les enfants comme jamais cela n’a été fait auparavant et que l’on reconnait de plus en plus à l’enfant une place à part dans notre société.

Ces mêmes personnes estiment même que nous sommes allées trop loin dans la «libéralisation» de l’enfant et proclament, dans leur avidité de compiler tous les faits divers qui mettent en scène la violence des jeunes et les «dérèglements» dus au manque de fermeté à leur égard, qu’il faut en revenir à la bonne vieille autorité venue d’en-haut et réinstaurer un cadre rigide dans lequel toute éducation dont le but est de «bien élever» un enfant doit se dérouler.

Au-delà d’un petit tour du monde, dans les mines où des enfants continuent de travailler ou dans les bordels où des petits garçons et des petites filles sont violés et exploités quotidiennement, au-delà des enfants qui sont souvent les premières victimes des génocides de l’Allemagne nazie au Cambodge Khmer Rouge en passant par le Rwanda, au-delà des enfants soldats que leurs chefs envoient en première ligne pour protéger les combattants adultes, au-delà des enfants que l’on tue parce qu’ils n’ont pas la bonne couleur, le bon sexe, les bonnes caractéristiques physique ou, tout simplement, parce qu’on n’en a pas envie, au-delà de l’enfance exploitée et maltraitée dans les pays avancés, regardons la réalité en face, l’enfant n’est, le plus souvent, qu’un objet de vénération que ses parents veulent sacraliser et posséder mais non aimer pour ce qu’il est.

«On estime qu’un milliard d’enfants dans le monde souffrent toujours de privations matérielles. Des millions d’enfants, en Afrique et en Asie en particulier, sont privés d’accès à des services de santé de qualité, de suppléments en micronutriments, d’éducation, de sources d’eau ou de moyens d’assainissement améliorés et d’un logement convenable. En moyenne, chaque jour, plus de 24 000 enfants de moins de cinq ans meurent de causes qui sont pourtant en grande partie évitables. Entre 500 millions et 1,5 milliard d’enfants sont victimes de violence chaque année. Environ 150 millions d’enfants de 5 à 14 ans travaillent, plus de 140 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent d’insuffisance pondérale pour leur âge et environ 100 millions d’enfants en âge d’aller à l’école primaire ne sont pas scolarisés. La participation des enfants en est encore à ses balbutiements et n’a toujours pas été véritablement adoptée dans les pays industrialisés et les pays en développement.» (2)

En France «de nombreux problèmes soulevés appellent encore des réponses:
- les mineurs en danger, victimes de maltraitance,
- l’exploitation sexuelle des mineurs,
- l’insuffisance des moyens de la médecine scolaire,
- l’échec scolaire,
- le mal-être des adolescents,
- les conditions de vie précaires, voire de pauvreté d’un à deux millions d’enfants,
- l’insuffisance des moyens financiers donnés au système judiciaire,
- le recours excessif aux mesures privatives de liberté, par défaut de structures alternatives à l’incarcération des mineurs,
- l’insuffisante information sur la Convention relative aux droits de l’enfant.
Trop de tragédies subsistent faute de volonté politique suffisante. Pourtant, la promotion des droits de l’enfant constitue un investissement décisif pour la société, pour ces mineurs d’aujourd’hui qui seront les parents de demain. Préservons leur droit à l’enfance.» (3)

Dans le monde, l’enfant n’est souvent qu’un objet. Un objet de vénération dans les pays avancés, un objet marchandise et/ou de revenus dans les pays les plus pauvres (ce qui n’empêche pas que, dans ces pays avancés et pauvres, il soit aussi aimé par ses parents, le plus souvent). Une vision inacceptable qui permet toutes les dérives.

Sans parler des mauvais traitements. D’autant que s’attaquer psychologiquement et/ou physiquement à un enfant est la pire des lâchetés qui existe de la part des adultes puisqu’ils sont sûrs d’avoir un ascendant sur lui grâce à leur force physique et à leur autorité. Et une société de lâches ne peut prétendre faire la morale, ni servir d’exemple aux plus jeunes. Tout au plus peut-elle diffuser des règles à sa convenance afin de ne pas se culpabiliser outre mesure.

S’il n’y avait pas tant d’yeux qui se ferment devant l’enfant maltraité, nous éviterions tellement de souffrance injustifiée. S’il n’y avait pas tant d’indifférence devant les détresses de l’enfant, nos éviterions tellement d’accidents et de suicides. S’il n’y avait pas tant d’égoïsmes, nous éviterions tellement de détresse affective de l’enfant.

En outre, ces dernières décennies s’est développé un drôle de «droit à l’enfant» qui permet à tout le monde de revendiquer le droit d’avoir un enfant. Ce droit à l’enfant n’est en fait rien d’autre que la marchandisation de l’enfant considéré comme un objet que l’on peut acquérir de multiples façons et non un sujet. Il est souvent antinomique avec les droits de l’enfant.

Les avancées de la science et les revendications de certaines groupes sociaux,  ont, petit à petit, transformé le contenu du terme «avoir un enfant». En permettant la possibilité de programmer (ou de tenter de le faire) la venue d’un enfant dans un foyer, l’enfant est devenu plus un objet de désir alors qu’il devrait être un sujet d’amour. Ainsi, on peut, par la contraception ou l’avortement, empêcher sa venue ou la repousser. On peut, à l’inverse, par toutes les techniques de la procréation assistée, par les mères porteuses, par l’adoption, accélérée celle-ci. L’avantage majeur pour l’enfant est qu’il est alors «désiré». Mais ce désir tend à l’assimiler dangereusement à un simple produit que l’on peut acquérir quand bon nous semble.

Quoiqu’il en soit, le droit à l’enfant ne doit absolument pas interférer avec le droit à l’enfance qui, lui, est celui que nous devons promouvoir de toutes nos forces car il permettra à l’enfant d’être lui-même, d’être respecté, protégé et aidé.

Il ne s’agit pas de donner plus de droits aux enfants que ceux contenus dans la Convention internationale des droits de l’enfant proclamée en 1989 ou dans tout autre document similaire. La Révolution de l’Enfant est d’abord une affaire de comportement, de reconnaissance, de parole donnée s’appuyant évidemment sur la règle juridique qui ne peut être ignorée dans un monde où la sanction contre la transgression demeure encore un rempart contre tous les comportements violents qui menacent le bien-être de l’enfant.


L’enfant est un roi nu

L’enfant est roi, disent certains. En fait dans nos sociétés modernes et postmodernes avancées, l’enfant est roi au même titre que tout autre individu qui désire se situer au centre de l’univers et veut que l’on s’occupe de lui comme s’il n’y avait que lui qui compte dans ce monde, c’est-à-dire une grande partie de la population mondiale! Du coup, le statut de l’enfant est identique à celui des autres avec, en plus, le handicap que l’adulte n’assume plus alors son devoir de responsabilité vis-à-vis de l’enfant.

Un enfant n’est roi que parce que ses géniteurs se considèrent comme «roi et reine» et que leur progéniture n’étant, à leurs yeux, qu’une extension d’eux-mêmes est aussi roi. Mais l’enfant n’est pas roi par rapport aux autres dans la société, il est roi au même titre que tous les autres. Pire, il est un roi nu car il ne possède rien et dépend entièrement des adultes pour sa vie matérielle.

«Le droit des individus à devenir eux-mêmes est devenu la croyance centrale de la seconde modernité. (…) L’enfant a changé d’identité non parce que les adultes s’inclineraient devant l’enfant-roi, mais parce que tout individu jeune ou non est ‘roi’ dans une société individualiste» (4)

Ces mêmes qui ne voient que l’enfant-roi en évitant de se poser la question de l’adulte-roi qu’ils sont et dont ils revendiquent les attributs, estimeront qu’une Révolution de l’Enfant va détruire la société par la démission et la permissivité, par l’assassinat de l’autorité et du respect du plus petit au plus grand.

Cette peur a toujours été celle de ceux qui détiennent le pouvoir devant ceux qui le subissent et pourrait le revendiquer ou, tout au moins, en demander légitimement le partage. Ainsi, quelques «spécialistes» de l’enfance continuent à clamer pour le bonheur de tous les adultes-rois qui ne veulent pas partager – et il y en a encore énormément - que l’enfant doit rester à sa place, c’est-à-dire à celle d’être en devenir, incapable et obéissant aux ordres des aînés.

Cette vision est contredite par toutes les recherches scientifiques. Par ailleurs, les tenants de l’ordre ancien ou de la restauration d’un ordre idyllique qui, bien sûr, n’a jamais existé, se trompent sur la signification de la volonté d’aimer l’enfant en le respectant. Le respect n’a jamais été une voie ouverte à la déstructuration de la cellule familiale, à la confusion des rôles et aux devoirs des parents et à leur responsabilité vis-à-vis de leurs enfants. Au contraire, aimer les enfants c’est justement leur permettre d’être des enfants tout en les considérant comme des égaux et des personnes à part entière. En les respectant, les adultes seront respectés naturellement par les enfants.


Les faux paradoxes de la condition de l’enfant

L’enfant est libre mais doit être protégé. L’enfant doit apprendre la vie en société mais doit être respecté avant de respecter les autres. L’enfant a droit à la parole et à décider de sa vie mais il n’est pas toujours capable du discernement nécessaire.

Ces paradoxes de la condition de l’enfant sont mis en avant par tous ceux qui critiquent cette émancipation de l’enfant, rappelant qu’un enfant n’est pas capable de soutenir toutes les conséquences de cette condition.

Leur volonté de déprécier les capacités de l’enfant – toujours, soi-disant, au nom de son bien-être – part d’une vision binaire des relations enfants-parents. Pour eux, si l’enfant n’est pas dominé par les parents, c’est donc les parents qui seront dominés par les enfants et leurs revendications irresponsables.

Or, le double statut de l’enfant, personne libre et personne nécessitant aide et protection, est tout à fait gérable. Mais, c’est vrai, il demande un investissement plus grand des parents, de la famille et de la société.

Prenons l’exemple emblématique du respect. Autrefois, on estimait que pour mériter le respect de leurs parents, les enfants leur devaient d’abord le respect. Pourtant, ce n’est qu’en respectant leurs enfants – c’est-à-dire en leur montrant l’exemple, en leur apprenant par les actes – que les parents peuvent attendre en retour le respect de leurs enfants. Ce n’est qu’en leur transmettant concrètement les valeurs de respect de l’autre qu’ils pourront en être bénéficiaires. Car c’est bien à l’accueillant de respecter l’accueilli d’autant plus si celui-ci est «désiré», c’est-à-dire est le résultat d’une démarche volontaire, et, de tout façon, parce que l’enfant ne peut savoir ce qu’est le respect que par l’exemple.

Mais, dans nos sociétés individualistes, où la demande de respect n’a jamais été aussi forte, elle se traduit le plus souvent par une demande pour soi uniquement sans aucune réflexivité. C’est sans doute pourquoi beaucoup d’enfants son irrespectueux car n’ayant jamais appris par l’exemple d’un réel respect de leurs parents pour eux-mêmes mais également pour les autres, ce que cela signifiait concrètement. Un apprentissage qui, de plus, demande du temps et de la patience de la part des adultes mais aussi une attention à ce que l’on fait et à ce que l’on dit pour ne pas être un mauvais exemple en la matière. D’où, souvent, son absence…

Sans l’accompagnement qui va avec, l’émancipation de l’enfant de l’ancien carcan ne sera qu’une illusion malgré les discours sur celle-ci, qu’ils soient en sa faveur ou qu’ils soient critiques.




II

L’enfant est une personne

L’enfant, un être affectif, moral, intelligent et capable


Il y a trente ans, la plupart des psychologues, des philosophes et des psychiatres estimaient que les bébés et les jeunes enfants étaient irrationnels, égocentriques et amoraux. Ils croyaient que les enfants étaient enfermés dans un concret ici et maintenant – incapables de comprendre la cause et l’effet, d’imaginer les expériences des autres personnes, ou d’apprécier la différence entre la réalité et l’imaginaire. Les gens croient encore que les enfants sont des adultes déficients.
Mais dans les trois dernières décennies les scientifiques ont découvert que même les plus jeunes enfants en savent plus que nous n’aurions jamais imaginé que cela soit possible. De plus, des études suggèrent que les enfants apprennent du monde d’une manière similaire à celle des scientifiques – en faisant des expériences, en analysant les statistiques, en élaborant des théories intuitives de la réalité physique, biologique et psychologique. Depuis les années 2000, les chercheurs ont commencé à comprendre les mécanismes sous-jacents informationnels, évolutifs et neurologiques qui soutiennent ces remarquables capacités. Ces découvertes révolutionnaires ne changent pas seulement notre vision sur les bébés, elles nous donnent une perspective renouvelée sur la nature humaine elle-même.
Alison Gopnik


Pendant longtemps l’image de l’enfant a été celle d’un être humain en devenir, un futur adulte, et non un être humain à part entière possédant dès sa naissance tous les attributs qui en ferait un égal de l’adulte. Psychologues et sociologues, anthropologues, pédiatres et autres chercheurs expliquaient encore, sauf exceptions comme le polonais Janusz Korczak, dans le courant du XX° siècle que l’enfant était une sorte de feuille blanche que l’adulte devait remplir avec l’enfant afin que celui-ci devienne civilisé.

Pour certains, prenant l’évolution comme modèle, l’enfance était même une période entre le monde animal et le monde humain. L’enfant était considéré comme un sauvage à la mode Jean-Jacques Rousseau mais, à l’inverse de la vision du genevois, un sauvage amoral et incapable de réfléchir par lui-même qu’il fallait humaniser. De nombreuses études soi-disant «scientifiques» sont alors venues corroborer toutes ces croyances pendant des années.

Aujourd’hui, à part quelques conservateurs qui campent sur leurs visions rétrogrades, on s’aperçoit que tous ces travaux étaient erronés parce qu’entre autres, les postulats sur lesquels ils reposaient étaient incorrects.

 «Le clivage entre le monde de l’enfance et celui des adultes est trompeur. Une radicale remise en cause est en cours.» (5)

«Nous attribuons à nos pauvres années des degrés différents de maturité. A tort. Il n’y a pas de hiérarchie au niveau de l’âge, comme il n’y a pas de graduation au niveau des sentiments, qu’il s’agisse de la douleur, de la joie, de l’espoir, de la déception.» (6)

«Une nouvelle vision de la nature de l’enfance et de l’humain émerge de la recherche de la dernière décennie. Loin d’être des adultes non-finis, les bébés et les jeunes enfants sont expressément conçu par l’évolution pour changer et créer, pour apprendre et explorer. Ces capacités, si intrinsèquement humaines, apparaissent dans leurs formes les plus pures dans les premières années de nos vies. Nos accomplissements humains qui ont le plus de valeur sont possibles parce que nous étions auparavant des enfants sans défense et dépendants et non en dépit de cela. L’enfance et prendre soin de celle-ci sont fondamentaux pour l’humanité.» (7)

«Sur le plan de l’instinct, seul son instinct sexuel est différent, sous la forme d’une nébuleuse de pressentiments érotiques. Sur le plan des sentiments, (l’enfant) nous surpasse par la force de ses passions auxquelles il n’a pas encore appris à mettre des freins. Sur le plan de l’intellect, il n’a rien à nous envier, il ne lui manque que l’expérience. C’est pourquoi, alors que tant d’adultes demeurent encore des enfants, l’enfant nous étonne souvent par sa maturité. Sa seule différence, finalement, c’est que, ne gagnant pas encore sa vie, il doit nous céder en tout du fait qu’il est à notre charge.» (8)

Aujourd’hui on sait que l’enfant même dans le ventre de sa mère est déjà un être affectif et qui pense.

«Dès la vie intra-utérine, les enfants manifestent leur plaisir d’être contactés. Ils en manifestent aussi le désir puisque, si le contact vient à manquer à l’heure habituelle, ils le réclament; si la mère vit une émotion, si les parents vivent un conflit, ils sont participants. (…) Je vois chaque jour des enfants avant leur naissance, prendre l’initiative d’un mouvement rythmé une fois qu’il leur a été proposé de l’extérieur, dans une sécurité affective.» (9)

«Le jour où il naît le bébé est déjà doté d’un appareil à percevoir le monde.» (10)

Aujourd’hui, on sait que lorsqu’il naît, l’enfant possède déjà de nombreuses capacités. On sait qu’il a un sens moral. On sait qu’il est doté d’empathie et capable d’offrir son aide aux autres. On sait qu’il est également un être logique. Très vite, il acquiert la capacité de discerner la réalité de la fiction.

«Nous n’avons jamais été aussi intelligents qu’avant trois ans!» (11)

«Tout porte à croire qu’il existe des émotions morales fondamentales universelles et non acquises par l’éducation. (…) Le petit être humain serait donc spontanément un être moral» (12)

«Un ensemble grandissant de preuves suggère que les humains ont un sens moral rudimentaire dès le tout début de la vie. Avec l’aide d’expériences bien menées, vous pouvez voir les lueurs d’une pensée morale, d’un jugement moral et d’un sentiment moral même lors de la première année de la vie. Quelques sens du bien et du mal paraissent fermement établis. Ce qui ne veut pas dire que les parents sont dans l’erreur quand ils sont concernés par le développement moral de leurs enfants, ni que leurs interactions avec leurs enfants sont une perte de temps. La socialisation est particulièrement importante. Mais ce n’est pas parce que les bébés ou les petits enfants manquent d’un sens du bien ou du mal, c’est parce que ce sens du bien ou du mal qu’ils possèdent naturellement diverge de manière importante de ce que nous, adultes, voudrions qu’il soit. (…) La moralité est, alors, une synthèse du biologique et du culturel, du non-appris, de la découverte et de l’invention. Les bébés possèdent certaines fondations morales – la capacité et la volonté de juger les actions des autres, quelques sens de la justice, des réponses naturelles à l’altruisme et à la méchanceté. Au regard de nos capacités intellectuelles, si nous ne débutions pas dans la vie avec cet appareillage basique, nous ne serions rien d’autre que des agents amoraux, guidés impitoyablement par la poursuite de notre propre intérêt.» (13)

«Quand les humains sont apparus, l’évolution avait forgé une belle et ferme fondation d’un sens moral. Jonathan Haidt du l’université de Virginie affirme que ce sens moral est comme notre sens du goût. Nous avons des récepteurs naturels qui nous aident à reconnaître le sucré et le salé. De la même façon, nous avons des récepteurs qui nous aident à reconnaître la justice et la cruauté. (…) Paul Bloom de Yale a noté que ce sens moral peut être observé très tôt dans la vie. Bloom et ses collègues ont conduit une expérimentation au cours de laquelle ils ont montré à des enfants une situation mettant en scène une personne se battant pour escalader une colline, une autre personne essayant de l’aider et une troisième essayant de la gêner. Dès six mois, les bébés montrent une préférence pour celui qui aide sur celui qui veut empêcher. Dans certains cas, il y a un second acte. Le gêneur est soit puni, soit récompensé. Les bébés de huit mois préfèrent une personne qui va punir le gêneur par rapport à celui qui sera gentil avec lui. Cela illustre, selon Bloom, que les gens ont un sens rudimentaire de la justice dès le premier âge de la vie.» (14)

«Les stimulations de la morale émergent tôt dans l’enfance. Les nourrissons offrent spontanément des jouets et aident les autres et essayent de réconforter les gens qu’ils voient en détresse. Et, selon les psychologues Elliot Turiel et Judith Smetana, les enfants de maternelles ont une vague notion de la différence entre les conventions sociales et les principes moraux. Les enfants de quatre ans disent que ce n’est pas bien de porter des pyjamas à l’école (une convention) et aussi que ce n’est pas bien de frapper une petite fille sans raison (un principe moral). Mais lorsqu’on leur demande si ces actes seraient biens si le professeur les autorisaient, la plupart des enfants disent que porter un pyjama serait bien mais que frapper une petite fille ne le serait toujours pas.» (15)

«Ces trente dernières années, on a pu constater chez les nouveau-nés une intelligence d’une abstraction et d’une sophistication impressionnante. Mais il faut ajouter que la transformation de cette intelligence n’est pas moins prodigieuse lorsque les enfants grandissent. Certains chercheurs ont défendu l’idée que les bébés naissent sans doute avec des connaissances aussi développées que celles des adultes et il y a certainement du vrai là-dedans.» (16)

«Le bébé doit être considéré comme un acteur de son évolution et détenteur d’une authentique vie psychique.» (17)

En réalité, l’enfance est une période de la vie qui ressemble beaucoup aux autres et parmi les enfants il y en a autant que les adultes qui ont de grandes capacités, autant qui ont des lacunes, notamment en logique, autant qui font des bêtises, etc. Et, en plus, l’enfant a, au moins, des excuses pour un certain nombre de ses lacunes et de ses bêtises car il n’a pas encore appris beaucoup de choses qu’il va découvrir et que son expérience de la vie est moins grande. Mais pas sa compétence…

«L’enfant est un être doué d’intelligence qui connaît lui-même ses besoins, ses problèmes, ses difficultés. Pas besoin d’ordres despotiques, de rigueurs imposées, d’un contrôle méfiant. Ce qu’il faut, c’est du tact pour rendre l’entente possible, et une confiance en l’expérience, qui facilitera la cohabitation, la collaboration. L’enfant n’est pas un sot: chez eux les imbéciles ne sont pas plus nombreux que chez nous. Nous drapant dans notre dignité d’adultes, nous leur imposons cependant un nombre considérable de devoirs ineptes et de tâches irréalisables. Que de fois l’enfant ne s’arrête-t-il pas frappé de stupeur devant tant d’arrogance, d’agressivité, tant de bêtises âgées.» (18)

Ce qui n’empêche évidemment pas l’enfant de devoir être aidé et protégé du fait qu’il ne peut se protéger lui-même physiquement, psychologiquement et émotionnellement et qu’il doit recevoir de l’aide pour acquérir les savoirs nécessaires pour son existence.

Car si l’enfant est une personne comme une autre, sa qualité de personne doit être encore plus protégée, plus reconnue et plus inviolable parce qu’il dans une période de l’existence où il dépend de personnes plus âgées, plus fortes physiquement et détentrices du pouvoir. Cette dépendance induit un devoir de protection encore plus impératif de la société envers l’enfant.




III

Aimer les enfants


Vous dites: C'est fatiguant de fréquenter les enfants. Vous avez raison. Vous ajoutez: Parce qu'il faut se mettre à leur niveau, se baisser, s'incliner, se courber, se faire petit. Là, vous avez tort. Ce n'est pas cela qui fatigue le plus. C'est plutôt le fait d'être obligé de s'élever jusqu'à la hauteur de leurs sentiments. De s'étirer, de s'allonger, de se hisser sur la pointe des pieds. Pour ne pas les blesser.
Janusz Korczak

Laissez les petits enfants et ne les empêchez pas de venir à moi; car c’est à leurs pareils qu’appartient le Royaume des Cieux.
Jésus


Entre l’amour de l’individu pour les enfants et celui de la société, tout ne s’est pas passé de la même manière, tout n’a pas été synchronisé et ces deux amours ne sont pas identiques. Si l’être humain a toujours aimé sa progéniture aussi loin que l’on peut remonter dans le temps, la vision sociale de l’enfant a évolué. Mais il est faux de prétendre que cette vision a été évolutionniste et progressive. Et il est faux de dire que la préoccupation de l’enfant est récente même si les droits de l’enfant, eux, sont un prolongement naturel d’une évolution de la démocratie qui a d’abord touché les peuples, puis l’individu masculin, puis l’individu féminin et enfin l’individu enfant.

Comment aimer les enfants?

Que pouvons-nous faire concrètement, dès maintenant, pour mettre en place la Révolution de l’Enfant? Nous devons aimer l’enfant, simplement.

Cette affirmation semble une provocation. Bien sûr, répondrons l’énorme majorité des gens, nous aimons les enfants, une majorité qui sera encore plus écrasante pour ceux qui sont parents.
Et «simplement» semble être une bizarrerie de langage. Mais cela signifie seulement que la seule condition est d’aimer les enfants et de les aimer le plus simplement possible.
Et qu’est-ce que cela veut dire «aimer simplement»? Cela signifie que c’est la condition sine qua non et, en même temps, la seule que l’on doive remplir.
Alors se pose la question: qu’est-ce que «aimer»? Cela fait depuis que l’humanité se pense elle-même que l’on essaye de définir exactement ce que cela veut dire. Je n’aurais donc pas la prétention de donner une définition définitive à la question. Mais l’on peut dire, en tout cas, qu’aimer un enfant c’est, au moins, dans l’affection qui lui est due, le respecter, l’aider et le protéger.

Mais, attention si aimer ce n’est pas l’écraser sous une autorité autant illégitime que destructrice de sa personnalité ce n’est pas, non plus, une démission de notre devoir d’adulte envers l’enfant. Au contraire, c’est de remplir notre mission d’adulte vis-à-vis de l’enfant en l’accompagnant dans son existence, en lui apprenant à apprendre et à développer ses capacités intellectuelles, physiques et psychiques tout en le protégeant.

«L’important n’est pas de s’aligner sur ce qui est commun à tous mais de développer ce qui est propre à chacun. Le mot d’ordre est: ‘deviens ce que tu es!’ Dans le cadre d’une éducation fondée sur ce principe, les adultes ne peuvent pas se limiter à imposer, à transmettre; ils doivent aussi créer les conditions pour que l’enfant puisse sans attendre d’être ‘grand’, découvrir par lui-même ce qu’il peut être.» (19)

De même, aimer l’enfant ce n’est transférer notre vision de l’enfant parfait sur l’enfant réel. Ce n’est pas demander à l’enfant de correspondre à ce que nous voulons qu’il soit même si cette volonté est faite, selon nous, des meilleures intentions pour qu’il soit le plus heureux possible selon notre vision du bonheur. Cette instrumentalisation de l’enfant n’est là que pour contenter les espoirs que nous avons investis en lui sans qu’il n’ait rien demandé de tel.

«L’enfant subit une injonction à la performance en étant de plus en plus précocement programmé pour une certaine réussite sociale et scolaire» (20)

«Aujourd’hui une charge très lourde pèse sur les épaules des enfants. Dès la vie fœtale, ces petits «projets parentaux» sont l’objet de toutes les attentions mais aussi de tous les espoirs, notamment celui de l’enfant parfait.» (21)

C’est notre capacité d’amour envers l’enfant qui nous donnera l’aptitude et l’intelligence de construire une société qui le respecte. Mais il ne faut pas se tromper. Amour de l’enfant n’est pas passion de l’enfant. L’amour est tourné vers l’enfant, la passion n’est qu’une volonté d’accaparement de l’enfant par l’adulte.

«Si l’enfant est aimé jusqu’à l’adoration, on ne peut pas en conclure pour autant qu’il soit plus apprécié que par le passé. (…) La passion de l’enfant peut être entendue comme un affect conduisant parfois à l’excès. Excès d’idéalisation de sa progéniture, excès de narcissisme. Comment pourrait-il en être autrement lorsqu’un enfant est censé combler ses parents et gratifier ses éducateurs ou ses maîtres? La passion peut également être associée à l’abus, à la malveillance ou à la haine dont les enfants sont les victimes lorsqu’ils sont l’objet de la jouissance sadique ou perverse des adultes.» (22)

Tous les spécialistes de l’enfance le savent. Le bébé, quasiment le jour où il est conçu devient un être affectif qui a besoin d’amour pour se développer. Un nourrisson meurt si l’on ne s’occupe pas de lui affectivement. Un enfant ne peut vivre harmonieusement s’il n’est pas aimé. C’est évidemment la même chose pour un adolescent. Et le «grand enfant», l’adulte, ne réussira sa vie que s’il a été aimé lors de son enfance et s’il aime et est aimé dans son existence toute entière.

La Révolution de l’Enfant ne pourra être enclenchée, réussir et perdurer que dans l’amour des enfants.

«(…) Le droit vital qui manque: le droit d’affection. Sans nourriture affective pas de survie possible. Pas de résilience. L’homme se nourrit d’affectio-éléments. Si la faim décime les pays pauvres, la malnutrition affective ravage les pays riches. (…) Le droit d’affection est une priorité à inscrire au premier rang des droits de l’enfant. Premier droit de l’homme.» (23)

Et nous devons l’aimer dès qu’il a été conçu pour qu’il puisse se développer harmonieusement et en sécurité dans le ventre de sa mère.

«Bien que l’haptonomie, en tant que science de l’affectivité, comprend toute l’existence humaine – de la conception à la mort – les études et les observations de l’être humain en devenir forment une partie dominante de son champ de recherche. Ceci du fait que, déjà très tôt après sa conception, des influences sur l’enfant en gestation peuvent déterminer à un haut degré son épanouissement et son individuation, son devenir-soi en toute authenticité et autonomie, après sa naissance.» (24)

Puis nous devons l’aimer dès sa naissance afin qu’il se sente dans un état de sûreté et de sécurité, qu’il se sente le «bien-venu». Cette atmosphère affective doit, ensuite, entourer l’enfant constamment afin que celui-ci puisse s’épanouir dans son enfance et tout au long de sa vie.

«En première instance, il y a l’affermissement rationnel de l’existence. C’est la validation rationnelle de l’existence concrète de l’autre. La reconnaissance et la justification de son être-au-monde. C’est dire oui à l’autre, à sa présence, au fait qu’il existe, en l’acceptant dans sa manière d’exister. (…) Un enfant ne peut pas s’épanouir si cet affermissement existentiel ne lui est pas procuré régulièrement en croissant et grandissant et cela par une conséquente répétition. (…) Il n’existe d’humanité réelle que là où cet affermissement est procuré et que l’aptitude à le procurer aux autres a pu s’y épanouir. En deuxième, c’est la confirmation affective qui se montre de qualité fondamentale pour l’intégration de la personne. Cette confirmation va bien au-delà de l’affermissement rationnel de l’existence et se trouve être encore de plus grande importance pour l’établissement de l’authenticité de l’individu, fondé sur un être soi-même bien équilibré. C’est une confirmation (…) qui dépasse largement cet affermissement en reconnaissant et en validant l’autre dans le bien, le «bon» individuel, l’estimant et l’assurant dans son essence. En tant que telle, elle conforte – affirme, affermit et confirme – l’authenticité de l’individu.» (25)

Nous devons prendre en compte la volonté de l’enfant. Nous devons écouter l’enfant. Nous devons laisser l’enfant s’exprimer. Nous devons laisser à l’enfant le temps d’être enfant. Nous devons être éveillés et être attentifs à ce qu’est l’enfant. Nous devons faire confiance aux enfants et en leurs capacités.

Le rôle des adultes envers les enfants est de les aimer, de les aider et de les protéger et non de les gouverner.

Et nous devons aimer les enfants pour ce qu’ils sont et non pour ce que nous voudrions qu’ils soient.

Oui, nous pouvons changer nos comportements, tout de suite, sans que cela nous demande énormément d’efforts. Et nous sommes capables de le faire. Et nous harmoniserions alors nos actes avec nos paroles et nos serments d’amour envers nos enfants.

«Il est plus facile, mais tellement réducteur, de penser qu’il suffirait d’un regain d’autorité ‘la main levée’ pour remettre au pas tant d’enfants déconstruits par la maltraitance de toute une société… Il est désormais urgent de changer nos comportements.» (26)

Aimer les enfants et en faire la pierre angulaire de notre comportement vis-à-vis d’eux est tout sauf une démission face à notre responsabilité envers eux. Au contraire, c’est remplir exactement notre rôle de parent ou d’adulte.

Celui qui aime les enfants, les respecte.
Celui qui respecte les enfants les aime.



La société doit aimer les enfants

C'est à la place faite aux enfants que l'on juge une société et sa culture.
Jean-Pierre Rosenczveig

Certains affirment que l’affection portée à l’enfant est récente, qu’elle daterait du milieu du XVIII° siècle, comme si, tout d’un coup, on se serait aperçu de la réelle existence des enfants et du fait qu’ils étaient dignes d’être aimés. Rien n’est plus faux. Il suffit de reprendre les réactions d’amour suscitées par l’arrivée d’un enfant ou de tout autre événement qui les concerne, pour démontrer sans conteste que l’enfant a toujours été aimé par ses parents même si, par exemple, il devait rapidement «grandir» et participer à la subsistance de la famille quand celle-ci était pauvre.

En réalité, la révolution dans ce domaine vient du fait que l’affection pour les enfants s’est étendue de la sphère privée à la sphère publique. Ce qui n’était auparavant une préoccupation uniquement de la sphère familiale, l’affection pour les enfants, est devenue également une préoccupation de la société.

La tendance historique des politiques publiques à destination des enfants a été marquée par l’idée de protection et, par voie de conséquence, de contrôle éventuel sur les familles. L’avènement de la famille «relationnelle» détermine une politique publique, d’une part, d’accompagnement de la famille, d’autre part, de promotion de l’enfant comme individu.
(…)
Comme les adultes, l’enfant n’est plus défini uniquement par la place qu’il occupe au sein du groupe familial. Il peut être l’objet spécifique de politiques publiques: les politiques publiques à destination de l’enfant peuvent être autonomes par rapport aux politiques publiques de la famille. Cette autonomisation se voit par ailleurs renforcée par ce qu’on a appelé le retour de la question sociale. Ce retour converge avec une prise de conscience de situations dégradantes imposées à l’enfant pour faire de la question de l’enfant un problème public en soi. (27)

Cela ne signifie pas que la société se désintéressait de l’enfant auparavant, le laissant sans protection.

«L’on pourrait donc bâtir à peu de frais une analyse très simplifiée, qui raconterait l’histoire du statut de l’enfance en Occident comme une marche au progrès, une ascension progressive vers la reconnaissance et la protection. Mais ce n’est pas cette histoire-là que nous voulons raconter. Car elle est incontestablement fallacieuse: centrée sur les représentations de soi-même qu’à créées l’Occident sur les deux derniers siècles, elle ne fait que raconter a posteriori la fable d’une rationalité occidentale moderne triomphant de l’obscurantisme médiéval.
L’on remarquera d’ailleurs que l’enfance occidentale actuelle est une enfance pédagogisée entraînée de force dans un processus de diplômation qui ronge son temps ludique au profit des temps d’apprentissage scolaires et périscolaires.
La condamnation des époques antérieures est pourtant un préjugé tenace: l’époque contemporaine ne peut s’attribuer des mérites dans la reconnaissance de l’enfance qu’à condition de dévaloriser avec aveuglement les époques antérieures, taxées d’oubli ou de mépris vis-à-vis du monde des petits. C’est ainsi que des thèses très répandues répètent à l’envi que grâce aux bienfaits de la psychologie de l’enfant et des diverses pédagogies de l’Education Nouvelle, le XX° siècle s’est opposé aux dérives du passé: le Moyen Age aurait ignoré l’enfance et aurait complètement manqué d’un sentiment de l’enfance, l’Antiquité se serait contentée d’endoctriner l’enfance ou de la présenter comme un âge imparfait, à quitter rapidement grâce aux vertus d’une éducation bien menée.
Nous aurons à montrer, surtout à propos du millénaire médiéval, que le problème des représentations de l’enfance ne se prête pas à une histoire simplifiée faisant du Progrès de Dieu d’un Temps Historique prodigue en acquis successifs. On relève plutôt des constantes anthropologiques et des invariants conceptuels dans les discours sur l’enfance: sur un plan négatif, on notera que la dévalorisation de l’enfance n’a guère changé de thématique au cours des siècles. Plus étonnant encore: les prétendus thèmes «modernes», notamment en pédagogie, sont déjà repérables dans l’Antiquité et le Moyen Age, où ils étaient déjà «modernes». Bref: il n’y a pas d’un côté les méchants adultes du passé, violents et méprisants à l’égard des enfants, de l’autre côté les gentils pédagogues et psychologues du XXI° siècle.» (28)

«Avec le christianisme, de nouvelles dispositions se révèlent. Dans le Nouveau Testament, l’enfant est encensé. Le Christ présente les enfants et la richesse de leur nature, comme modèle à ses disciples. L’enfant Jésus dès le IV° siècle est vénéré. La fête des Saints Innocents, célébrée dans l’octave de Noël, le 28 décembre, nous rappelle la dévotion qui lui est portée.
(…)
(L’empereur Constantin) interdit de vendre les enfants. Suite à cette mesure, en 318, un édit décrète que l’infanticide comme le parricide sera, de la même manière, puni de la peine capitale. Enfin, en 331, il autorise ceux qui recueillent une enfant exposé à l’adopter, sans possibilité à ses parents de le reprendre. Ces dispositions seront ensuite reprises par l’édit de Gratien en 374, avec, en plus, le rappel au père du devoir de nourrir son enfant. L’infanticide, l’avortement et l’exposition des enfants sont condamnés de la même manière par la justice. Ils sont considérés comme des meurtres.» (29)

Mais cette prise en compte de l’enfant n’en faisait pas forcément au plan social, un être considéré pour ce qu’il était. Le XX° siècle a donc opéré une nouvelle vision de l’enfant par la société.

«C’est précisément à travers cet état adulte projeté, perçu comme un achèvement de l’enfance, que l’enfant était jusqu’à récemment regardé, donc à travers un standard qui ne pouvait que faire ressortir ses manques. En d’autres termes, c’est aussi un regard «adulto-centré» qui a produit l’enfant tel qu’il était considéré et pensé comme spécifique. (30)»

Pour autant, jusqu’à présent la société n’est pas parvenue à réellement aimer l’enfant pour lui-même mais uniquement à faire de l’enfant un objet de valeur. Du coup, tous les cercles de la société (à part les criminels) ont considéré la valeur de l’enfant plus que l’âme de l’enfant. Et ce même si la Convention des Droits de l’Enfant adoptée par les Nations Unies et ratifiée par la plupart des Etats de la planète indique dans son préambule que «l’enfant, pour l’épanouissement harmonieux de sa personnalité doit grandir (…) dans un climat de bonheur, d’amour et de compréhension».

«On affirme volontiers que chaque enfant est un être original, unique, qu’il est sujet de droit et que – bien que petite personne par rapport aux grandes personnes qui l’entourent – il est un être humain à part entière. Ce qui signifie qu’il est, au même titre que chacun de nous, être de désir et de plaisir, être de compétences et de manques, sujet social. Est-il vraiment reconnu comme tel?
Famille et société font de l’enfant, en même temps ou successivement, un enfant roi et un enfant victime. Enfant roi élevé sans contraintes, pour qui  rien n’est trop beau, et dont la rareté fait un être précieux et choyé. Enfant victime, puisque ses besoins essentiels d’amour, de stabilité, d’expérimentation et d’encouragement se heurtent aux normes actuelles de fonctionnement familial et social.» (31)

Ainsi, la société n’aimera véritablement les enfants que lorsqu’elle les reconnaîtra réellement comme des personnes.

«On quête, on en appelle aux droits de l’homme, on inaugure l’année de l’enfance. Bonnes œuvres, beaux discours! Tout le monde verse sa larme et son obole! On dénonce les bourreaux d’enfants, les Minotaures du siècle, les ogres technocrates!... La frontière entre les enfants nantis et les enfants déshérités, les gâtés et les écrasés, est arbitraire et trompeuse; ce qui empêche de voir les défenses de la société… Le sort qui est réservé aux enfants dépend de l’attitude des adultes. La cause des enfants ne sera sérieusement défendue tant que ne sera pas diagnostiqué le refus inconscient qui entraîne toute société à ne pas vouloir traiter l’enfant comme une personne, dès sa naissance, vis-à-vis de qui chacun se comporte comme il aimerait qu’autrui le fasse à son égard.» (32)

«C’est une erreur de croire que la pédagogie est une science de l’enfant et non pas de l’homme Dans un moment d’emportement, un enfant violent frappe, un adulte violent tue. A un enfant naïf, on soutire son jouet; à un adulte naïf on fait signer des traites. Un enfant déraisonnable dépense en bonbons l’argent du cahier; un adulte irresponsable dilapide son patrimoine au jeu. Enfant? Adulte? Il y a seulement des êtres humains. Seule existe une différence d’échelle entre les idées, les sentiments, les impulsions, les expériences de chacun d’eux.» (33)

Les enfants ont un double statut dans notre société. Ils ont d’abord et surtout celui d’une personne égale en tous points à celui d’une autre personne. Mais ils ont aussi celui d’une personne fragile que l’on doit protéger et à qui il faut transmettre un savoir tout en l’aidant à apprendre la vie.

L’enfant est à la fois un être comme tout le monde et un être différent. Sa ressemblance nous impose de le traiter comme nous devons traiter tous les autres individus et comment nous souhaitons être traités et respectés. Sa différence nous impose de le protéger et de lui permettre de se réaliser.

Les enfants ont des droits parce qu’ils sont les égaux des adultes. Et ils ont encore plus de droits parce que les adultes ont une obligation de les protéger dans un monde qu’ils découvrent et qu’ils apprennent.

Non seulement nous avons à respecter l’enfant mais nous avons également à lui rendre la vie plus belle. Et si sa vie est plus belle alors notre vie sera aussi plus belle. Et puis, quoi de plus gratifiant que de rendre la vie d’un enfant plus belle.

Le droit primaire de l’enfant est celui du droit à l’enfance. Mais, attention, ce droit n’est pas, à l’opposé de ce qu’estiment certains, la preuve que l’enfant est un incapable que l’on doit éduquer. Cela veut dire que l’enfant doit être aimé pour être protégé et aidé afin de pouvoir être lui-même dans l’autonomie et la liberté. Cela signifie tout le contraire de contraintes sur lui parce qu’il serait incapable d’être autre chose qu’un être irresponsable qu’il faut encadrer et dresser.

«Le droit primaire de l’enfant est son droit à l’enfance: le droit de pouvoir vivre dans toutes les dimensions de son enfance, d’une façon qu’il puisse se développer selon sa constellation significative, déployant ses talents, ses dons et ses facultés dans une ambiance aimante, encourageante, rassurante et sécurisante, donc affectivo-confirmante. En observant ce droit, on le respecte dans sa personnalité; son individualité consciente qui révèle son caractère inné – faisant appel à sa responsabilité éclosante et fondant la confiance en soi-même.» (34)

«Le droit à l’enfance fait pour moi partie des droits de l’enfant. Le respect des rythmes de l’enfant est essentiel pour que son développement soit harmonieux.» (35)

«Ne pas piétiner, ne pas humilier, ne pas en faire un esclave du lendemain; laisser vivre sans décourager, ni brusquer, ni presser. (…) Laissons-le, confiant, boire la gaieté du matin. C’est ce qu’il veut.» (36)

Aimer les enfants, c’est aussi les prendre en compte dans tous les décisions politiques.

«L’intérêt supérieur des enfants en tant que critère primordial de gouvernance. Chaque aspect de la gouvernance peut affecter les droits de l’enfant. Que les décisions concernent la fiscalité ou le commerce, la diplomatie ou l’endettement, il n’existe pas de politique, loi, budget, programme ou plan qui soit « neutre pour les enfants ». Le premier défi pour les États parties consiste donc à évaluer les conséquences sur les enfants de toute la gamme de leurs actions législatives et administratives. Le second consiste à s’assurer que les budgets, politiques et programmes appliquent les principes de la Convention sous tous ses aspects. Au niveau national, les budgets et les programmes, en particulier, devraient classer par ordre de priorité les services qui sont essentiels pour faire respecter le droit des enfants à la survie, au développement, à la protection et à la participation. Ces efforts devraient permettre de mobiliser et coordonner les ressources des secteurs publics et privés tout en surveillant la situation des droits de l’enfant à l’intérieur des pays et des communautés. Dans la coopération pour le développement, les pays donateurs et les pays récipiendaires doivent examiner si l’aide se révèle efficace pour les enfants. Dans les districts et les communautés, les administrations locales doivent veiller à ce que les initiatives de développement favorisent l’inclusion et la participation et que les opinions des femmes et des enfants soient prises en compte dans les lois, pratiques, politiques et programmes.
Le renforcement et l’application des lois en faveur des droits de l’enfant représentent un autre défi. Il sera peut-être nécessaire à cette fin de créer au sein des gouvernements des structures permanentes chargées de promouvoir les droits de l’enfant et de coordonner les mesures prises entre secteurs. La promotion de responsables indépendants chargés des droits de l’homme, comme des médiateurs pour les enfants par exemple, peut également renforcer le suivi des droits de l'enfant à l’intérieur des pays et des communautés. Une meilleure compréhension de la situation des enfants, reposant sur des preuves tirées de données, de recherches et de l’évaluation, est aussi un élément capital pour évaluer l’efficacité de la mise en œuvre de la Convention.» (37)

Cela étant dit, personne ne demande que le monde ne soit fait que pour les enfants mais qu’il soit aussi fait pour les enfants.

A ce titre, force est de constater que le monde est avant tout fait pour les adultes, que ce soit son organisation sociale, son organisation sociétale ou son organisation économique.

Ainsi, l’espace urbain est avant tout pensé et bâti pour les adultes et pourra être éventuellement «aménagé» pour être moins agressif pour les enfants. Ainsi, l’emploi du temps de l’enfant (notamment de l’enfant scolarisé) est pensée et bâti en fonction de l’emploi du temps de l’adulte et de ses désidératas en la matière ainsi que de ceux de l’organisation économique et pourra être éventuellement «aménagé» afin de n’être pas trop fatigant ou aliénant pour l’enfant.

«Il devient de plus en plus nécessaire – surtout dans les sociétés industrielles et postindustrielles, où l’enfant tend à être considéré par un nombre croissant de personnes comme un animal de compagnie, un luxe, ou encore une source de désagréments – d’insister sur le fait que l’enfance fait partie intégrante de la société et de sa division du travail. C’est ce que l’on peut appeler l’argument utilitaire en faveur de l’insertion de l’enfant et de l’enfance au centre des considérations sociales, économiques et politiques. Pour autant, ma présente argumentation ne doit pas être comprise comme une plaidoirie légitimant la conception de l’enfant en tant que main-d’œuvre au sens conventionnel du terme. Elle intervient en faveur de la reconnaissance du travail scolaire comme élément intrinsèque de la division du travail, qui ne peut être séparé du travail de la société dans son ensemble.» (38)

Aimer quelqu’un, ce n’est pas rendre sa vie plus difficile mais lui éviter de telles difficultés. C’est aussi cela que la société doit faire si elle aime les enfants comme elle ne cesse de l’affirmer sans en apporter les preuves concrètes.



IV

La Révolution de l’Enfant, révolution définitive de l’Amour


Quand le ciel veut sauver un homme, il lui envoie l’amour
Lao-Tseu


La Révolution de l’Enfant sera la Révolution de l’Amour. Elle sera la «révolution définitive» qui permettra d’établir la Société de l’Amour, la «meilleure société possible» que les humains puissent établir sur cette planète (et non la société parfaite qui n’existera bien évidemment jamais).

La Révolution de l’Enfant se fera par l’Amour. Amour embrasse le tout amour. Amour est la valeur ultime et première, la seule qui puisse réaliser la «Révolution définitive», c’est-à-dire la vraie révolution. Ce concept de «Révolution définitive» mérite quelques explications.

Dans l’Histoire, et notamment dans celle qui nous est contemporaine, les pays et les continents ont vécu des crises et des bouleversements que certains ont qualifiés de révolutions. Tout le XIX° siècle et le XX°, après les premières «révolutions», celles qui ont eu lieu aux Etats-Unis puis en France (en comptant, peut-être également celle d’Angleterre au XVII° siècle), en ont été jalonnés aboutissant à la mise en place de régimes politiques différents, souvent dans leur forme essentiellement, et à de nouvelles nations.

En fait, jusqu’à présent, tous ces événements n’ont été que des révoltes ou, au mieux, des révolutions inachevées dont, bien sûr, il n’est pas question, ni de minimiser leurs résultats et les acquis pour l’humanité. Cependant, aucune d’elles ne peut se prévaloir du qualificatif de révolution puisqu’elles n’ont pas réellement changé le monde. D’ailleurs, pour certains historiens, ces soi-disant révolutions ne sont que des crises plus ou moins cycliques, dont la caractéristique première est leur violence. Or, la vraie révolution, la «révolution définitive» ne peut être que non-violente, elle ne pourra s’établir que sur la volonté de tous et le travail de tous.

Le mécanisme qui aboutira à l’établissement de la «meilleure société possible», c’est-à-dire à la Société de l’Amour, ne peut être qu’une révolution puisqu’il changera une bonne fois pour toute la manière de concevoir la vie sur Terre (et non la vie elle-même qui restera toujours identique) et les rapports entre les êtres humains.

La «Révolution définitive» sera donc celle qui refondera le monde. Seul l’Amour est capable d’être la substantifique moelle de cette refondation. D’autant que, de la même façon que la révolution est, au sens étymologique du terme, également un cycle qui revient à son point de départ, l’Amour est le début et la fin, l’alpha et l’oméga, la base et le but, la genèse et l’aboutissement. En ce sens, également, la «Révolution définitive» ne peut que se référer à l’Amour, avoir comme but unique son établissement.

Cette «Révolution définitive» ne peut être que pacifique et respectueuse des êtres humains. Elle se différencie donc fondamentalement de tous les événements violents que l’on a qualifiés de révolution et même de cette idée qu’une révolution est violente par essence. En réalité la seule vraie révolution ne peut être qu’une antithèse de la violence pour justement être définitive.

De même, pour être définitive, cette révolution doit être acceptée par tous les êtres humains. L’acceptation demandée se base sur le quatuor Respect, Tolérance, Solidarité, Liberté c’est-à-dire par la reconnaissance pleine et entière de l’autre dans sa différence et donc de moi-même dans ma différence.

La «Révolution définitive» ne peut que mettre au centre de ses préoccupations l’enfant.



V

N’oublions pas le grand enfant!


L’amour ne voit point avec les yeux mais avec l’âme
William Shakespeare


Nous ne serons capables de changer le monde qu’en aimant les enfants, tous les enfants… même les grands enfants que sont les adultes. Car une Révolution de l’Enfant n’a de sens que si elle change les comportements et la vision que nous avons de l’autre, de tous les autres, enfants et adultes.

Et de l’enfant aimé et respecté éclorera, «naturellement», un adulte aimant et respectueux.

Car l’amour que doit recevoir l’enfant, le vrai, libère et émancipe dans le respect, la tolérance et la solidarité de l’autre. Ce n’est pas un amour qui annihile, qui enveloppe l’individu puéril, égocentrique et égoïste, d’un cocon d’irresponsabilité.

L’individu qui doit se construire grâce à cet amour, qui doit bâtir cette Société de l’Amour et en être un membre, ne peut être qu’une personne aimante, éclairée, libre, respectueuse et respectée, responsable.


Notre capacité d’amour

Notre capacité d’amour est la condition pour que l’enfant devienne «un être humain, un individu, indépendant et autonome, doué de raison, agissant consciemment, raisonnablement, de façon responsable de ses actes, se comportant avec prudence et respect dans les contacts avec les autres, prenant sur soi les conséquences de ses actes, dont il sait se justifier» tel que Frans Veldman, le père de l’haptonomie dresse son portrait.

Et c’est cet enfant devenu un adulte qui fera vivre cette Société de l’Amour et qui sera capable de transmettre les valeurs et les comportements qui permettront à celle-ci de perdurer.

Pour tous ceux qui estiment que c’est une tâche impossible pour la société de produire un tel individu, rappelons tout ce que nous avons dit sur les capacités de l’enfant et écoutons le philosophe chinois Men Zì (Mencius), disciple de Kongfuzi (Confucius): «(...) Les tendances de notre nature peuvent toutes servir à faire le bien; voilà pourquoi je dis que la nature est bonne. Si l’homme fait le mal, on ne doit pas en attribuer la faute à ses facultés naturelles. (...) Tout homme a des sentiments de compassion pour les malheureux, de pudeur et d’aversion pour le mal, de déférence et de respect pour les autres hommes. Il sait discerner le vrai du faux, le bien du mal. La commisération, c’est la bienveillance. La honte et l’horreur du mal, c’est la justice (cette disposition qui nous porte à traiter les hommes et les choses comme il convient). La déférence et le respect constituent l’urbanité. La vertu par laquelle nous discernons le vrai du faux et le bien du mal, c’est la prudence. La bienveillance, la justice, l’urbanité, la prudence ne nous viennent pas du dehors, comme un métal fondu qu’on verse dans un moule. La nature les a mises en nous. (Mais la plupart des hommes) n’y font pas attention».


Une personne aimante

Quand je respecte la liberté de l’autre, le droit d’autrui de disposer de sa vie, je fais un acte d’amour, comme lorsque je suis solidaire de lui, que je partage avec lui. C’est d’autant un acte d’amour, qu’il est symétrique -ainsi que réflexif et transitif. Car, lorsque je respecte la liberté d’autrui, c’est parce que je veux que celui-ci respecte ma liberté et qu’il la respecte effectivement. Je t’aime parce que je veux que tu m’aimes et que tu m’aimes réellement (car, toi aussi, tu veux que je t’aime).

Dire que le respect de la liberté d’autrui est un acte d’Amour n’est pas une simple redéfinition de concepts afin que ceux-ci aient une cohérence avec la théorie exposée ici. Au contraire, cela permet à ces concepts de retrouver leurs sens premiers. Car l’amour est respect et reconnaissance. Aimer l’autre c’est également -et peut-être avant tout- le respecter et le reconnaître. Donc, c’est aussi me respecter et me reconnaître moi-même. Donc c’est aussi demander à cet autre d’avoir le même comportement vis-à-vis de moi (et vis-à-vis de lui-même) c’est-à-dire de me respecter et de me reconnaître (et de se respecter et de se reconnaître).

L’amour, c’est avant tout cette propension que nous avons d’aller vers l’autre, de lui donner de l’affection et d’en attendre. Car, toute la clé de la «meilleure société possible», c’est la reconnaissance dans toute l’acceptation du terme de l’altérité, de l’existence de l’autre qui fonde également notre propre identité, cette affirmation étant vérifiable également symétriquement.





En guise de conclusion

L’Amour que nous portons à nos Enfants peut changer le monde



En guise de conclusion à cette plaidoirie pour une Révolution de l’Enfant, citons un texte du philosophe chinois Men Zì qui dresse bien le portrait de la personne qui, aimant l’enfant, est bien celle qui mérite d’être appelée «personne» et qui est au cœur d’une société libre, respectueuse, solidaire et tolérante. Une personne que, chacun de nous, peut être car nous sommes tous des êtres d’amour même si, malheureusement, trop souvent, les conditions de notre existence nous le font oublier.

«Si un homme aperçoit soudain un enfant sur le point de tomber dans un puits, quel qu’il soit il éprouvera au cœur une pénible frayeur; et cela non pas parce que l’enfant serait de ses relations, ni parce qu’il se voudrait faire une réputation dans son entourage, ni parce qu’il trouverait odieux les cris de l’enfant. Il est clair par là que celui qui n’a pas le cœur sensible n’est pas un homme, que celui qui n’a pas le cœur délicat n’est pas un homme, que celui qui n’a pas au cœur le sentiment de ce qu’il faut et de ce qu’il ne faut pas n’est pas un homme. La sensibilité du cœur, elle est au principe de la vertu d’humanité; la délicatesse du cœur, elle est au principe du sens du devoir; l’effacement consenti par le cœur, il est au principe du sens des rites; le sentiment de cœur de ce qu’il faut et de ce qu’il ne faut pas, il est au principe de l’intuition morale.»





Références

(1) François de Singly, Directeur du centre de sociologie de la famille, L’Enfant n’est pas qu’un Enfant, in Sciences Humaines, Grands dossiers n°8, 2007
(2) La situation des enfants dans le monde, Unicef, 2009-2010
(3) Application de la Convention relative aux droits de l’enfant en France, Unicef, 2009
(4) François de Singly, Directeur du centre de sociologie de la famille, L’Enfant n’est pas qu’un Enfant, in Sciences Humaines, Grands dossiers n°8, 2007
(5) Jean-François Dortier, A quoi pensent les enfants / Idées reçues sur le monde de l’enfance, Sciences Humaines, octobre 2010
(6) Janusz Korczak, Le Droit de l’Enfant au Respect, Robert Laffont, 1979
(7) Alison Gopnik, Comment les bébés pensent, in Scientific American, juillet 2010
(8) Janusz Korczak, Comment aimer un enfant, Robert Laffont, 1919
(9) Catherine Dolto-Tolitch, Accueil et humanisation de l’enfant / Enfant de droit, la révolution des petits pas, La Harpe, 1990
(10) Boris Cyrulnik, Comment les enfants voient le monde, in Sciences Humaines, Grands dossiers n°8, 2007
(11)Françoise Dolto
(12) Jean-François Dortier, A quoi pensent les enfants / Idées reçues sur le monde de l’enfance, in Sciences Humaines, octobre 2010
(13)Paul Bloom, La vie moral des bébés, New York Times, 3 mai 2010
(14) David Brooks, Les naturalistes moraux, New York Times, 22 juillet 2010
(15) Steven Pinker, L’instinct moral, New York Times, 13 janvier 2008
(16) Alison Gopnik, Le Bébé philosophe, Le Pommier, 2010
(17) Bernard Golse, La philosophie du bébé, in Sciences Humaines, Grands dossiers n°8, 2007
(18) Janusz Korczak, Le Droit de l’Enfant au Respect, Robert Laffont, 1979
(19) François de Singly, Directeur du centre de sociologie de la famille, L’Enfant n’est pas qu’un Enfant, in Sciences Humaines, Grands dossiers n°8, 2007
(20) Laurence Gavarini, La Passion de l’Enfant, Hachette, 2001
(21) Martine Fournier, La révolution des poussettes, L’enfant au XXI° siècle, in Sciences Humaines, Grands dossiers n°8, 2007
(22) Laurence Gavarini, La Passion de l’Enfant, Hachette, 2001
(23) Catherine Enjolet, Le droit d’affection est le premier des droits de l’enfant, Le Monde, 23 novembre 2010
(24) Franz Veldman, La confirmation affective à l’aube de la vie – l’haptonomie périnatale / Enfant de droit, la révolution des petit pas, La Harpe, 1990
(25) Franz Veldman, La confirmation affective à l’aube de la vie – l’haptonomie périnatale / Enfant de droit, la révolution des petit pas, La Harpe, 1990
(26) Edwige Antier, Que faisons-nous de nos enfants?, Le Figaro, 19 novembre 2010
(27) J. Commaille, Les politiques publiques à destination de l’enfant in Le droit et les droits de l’enfant, L’Harmattan, 2007
(28) Jean-François Dupeyron, Les représentations de l’enfance en Occident, L’Harmattan, 2010
(29) Paul Vasseur, Protection de l’enfance et cohésion sociale du IV° au XX° siècle, L’Harmattan, 1999
(30) Laurence Gavarini, La passion de l’enfant, Hachette, 2001
(31) Fonds Houtman, Plaidoyer pour l’enfant: pour une culture de l’enfant, 2000
(32) Françoise Dolto, La Cause des Enfants, Robert Laffont, 1985
(33) Janusz Korczak, Comment aimer un enfant, Robert Laffont, 1919
(34) Franz Veldman, La confirmation affective à l’aube de la vie – l’haptonomie périnatale / Enfant de droit, la révolution des petit pas, La Harpe, 1990
(35) Bernard Golse, La philosophie du bébé, l’Enfant du XXI° siècle, in Sciences humaines, grands dossiers n°8, 2007
(36) Janusz Korczak, Le Droit de l’Enfant au Respect, Robert Laffont, 1979
(37) La situation des enfants dans le monde, Unicef, 2009
(38) Karl Eric Knutsson, Vers une nouvelle conception de l’enfant in  Reconnaître l’enfant citoyen, Conseil de l’Europe, 1996


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