«J’ai des droits. J’ai le droit à l’éducation, j’ai le droit de jouer, j’ai le droit de chanter, j’ai le droit de parler, j’ai le droit d’aller au marché, j’ai le droit de m’exprimer.»

Malala Yousufzai

dimanche 13 avril 2025

Editorial d’Alexandre Vatimbella. Ne jamais accepter que l’enfant soit un produit


Vous voulez un enfant?

Pas de problème, on vous en prépare un et allez payer votre commande à la caisse.

Est-ce une fantasmagorie d’un esprit dérangé ou une scène d’un futur trop proche?

Au-delà de la PMA (procréation médicalement assistée) ou de la GPA (gestation pour autrui), on nous dit qu’il sera possible un jour de «fabriquer» un enfant grâce à des «utérus-machine».

Réalise-t-on que toutes ces «fabrications» dans lesquelles j’inclus la PMA et la GPA changent irrémédiablement le statut de l’enfant qui passe d’être humain à produit humain?

Dire cela semble totalement exagéré et d’une simple volonté polémiste en stigmatisant tous ceux qui ont recours à la PMA, autorisée en France, et à la GPA, encore interdite.

Pourtant, en éliminant l’aspect de devenir parent qui est la motivation de ceux qui les utilisent, la fabrication d’un enfant sur demande par des moyens «non-naturels» (puisqu’il faut l’intervention de techniques) pose bien la problématique de l’«enfant-produit».

On peut même ici rapprocher les règles d’adoption en cours dans certains pays, c’est-à-dire la possibilité pour les adoptants de renoncer à l’adopté si celui-ci n’est pas conforme à leurs désirs après un essai grandeur nature, comme c’est le cas aux Etats-Unis!

Or, un produit n’est pas un être.

C’est tellement vrai que l’on a changé le statut de l’animal qui n’est heureusement plus un «objet» mais bien un être vivant auquel s’attache des droits.

Ce questionnement n’est pas d’un autre âge mais bien du notre.

Si l’espèce humaine était mue par la sagesse et l’amour, celui-ci serait sans doute sans fondement.

Mais tel n’est pas le cas.

Tous les dérapages sont dès lors possible.

Ayons seulement en tête une des motivations des natalistes qui demandent aux femmes de procréer afin soit de payer nos retraites, soit de «fabriquer» de futurs soldats qui seront envoyés à la boucherie par des régimes souvent mus par autre chose que les valeurs humanistes.

Ainsi, actuellement, la dictature en place en Russie prend des mesures restrictives pour empêcher les femmes de ne pas avoir d’enfants et afin d’encourager les naissances sans d’ailleurs se cacher que les futurs bébés iront au front et tomberont au champ d’honneur pour les rêves impérialistes de Poutine et ses successeurs.

On comprend quel intérêt peut représenter pour un tel régime un «utérus-machine»…

On s’indigne de ce que Poutine – c’est aussi le cas de Xi en Chine – veuille faire des femmes des «usines à enfants» mais moins que ces enfants ne sont conceptualisés par ce même Poutine que comme des produits, de la chair à canon.

Nos sociétés dites «avancées» ont choisi pour la grande majorité de légaliser la PMA alors que la GPA demeure interdite, notamment en France.

C’est un choix qui se base d’abord sur le désir d’enfant et non sur l’intérêt de ce dernier.

Néanmoins, on peut concevoir que ce désir – à la base d’une grossesse survenue naturellement et voulue par une femme – empêche de considérer que cet enfant à naître est un produit mais bien un être dans le cas de la PMA d’autant qu’il n’existe pas de transaction à titre gratuit ou payant comme c’est le cas pour la GPA.

Ainsi, si nous voulons demeurer dans le cadre des valeurs humanistes, seule la PMA est acceptable.

Pour en revenir à cet «utérus-machine» qui aujourd’hui n’est encore qu’un «utérus artificiel» non-encore utilisé chez les humains et qui permettrait seulement à une grossesse en cours qui connait des problèmes de pouvoir se poursuivre dans un environnement externe à la femme, il n’est qu’une étape de ce que la science et la technologie pourront sans doute réaliser à l’avenir et dont la problématique fondamentale est de savoir jusqu’où peut-on aller, à quel moment le bébé à naître sera «déshumaniser» grâce au «génie» humain.

Un moment de bascule qui ne doit jamais survenir.

Alexandre Vatimbella

 





vendredi 21 février 2025

La protection des enfants mérite mieux qu’une polémique médiatico-politicienne



L’ affaire et le scandale Bétharram révèle une nouvelle fois des violences à caractère physiques et sexuelles dans un établissement scolaire privé.

Et l’on peut être surpris et indigné qu’il ait fallu attendre 30 ans pour que celles-ci soient dévoilées et que l’on entende enfin les paroles des victimes.

Voilà une nouvelle preuve, s’il en était malheureusement besoin, que l’enfant n’est pas le «roi» que certaines idéologies souvent proches de ces personnages qui «éduquent» les enfants avec des coups et des sévices, affirment pour s’en prendre à la «permissivité» de la société envers sa jeunesse.

Il est toujours bon pour que la cause de l’enfance progresse, pour qu’un jour ces actes et d’autres bien plus graves cessent enfin et que les responsables soient punis à la hauteur de leurs méfaits que ce genre d’affaires connaisse la publicité qu’elles méritent.

Pour autant, dans l’affaire de cette institution catholique où se sont déroulés ces actes infâmes, on est malgré tout pris par un certain malaise.

Parce que l’affaire n’avait pas pour but premier de révéler un scandale de plus où des enfants sont des martyrs mais un objectif politicien de déstabiliser le gouvernement en place et son Premier ministre dont les enfants ont été scolarisés dans ce lieu.

Une affaire que l’officine d’extrême-gauche Mediapart a fort opportunément sortie après que le Budget du pays ait été enfin approuvé par l’Assemblée nationale après le rejet d’une motion de censure déposée par… l’extrême-gauche!

Et ce malaise vient de cette instrumentalisation politicienne et de cette récupération à sensation de certains médias où l’on chercherait en vain la volonté de défendre les enfants et l’enfance.

En l’occurrence, le plus important n’est pas de savoir si François Bayrou a été au courant ou non d’actes auxquels il n’a pas participé et dont il n’a pas été le complice même s’il aurait dû sans doute mieux s’informer des pratiques de Bétharram, mais de savoir comment ces actes ont pu survenir en toute impunité, de punir les coupables et de mettre en place, enfin, des politiques partout où cela est nécessaire pour qu'ils ne soient plus jamais possibles que les enfants soient en sécurité.

En France mais aussi partout dans le monde, tel n’est pas le cas aujourd’hui.

Bien sûr, des efforts sont faits mais ils sont bien loin d’être suffisants.

Rappelons que nous n’avons toujours pas de ministère dédié à l’enfance, que l’enfant est loin d’être considéré comme une personne et qu’une sécurité efficace en faveur des enfants coûteraient des sommes que les adultes ne sont pas prêts à payer.

Alors l’indignation d’une affaire comme celle de Bétharram sonne chez certains responsables politiques et journalistes comme une posture quelque peu hypocrite.

 


jeudi 13 février 2025

Un Haut-commissariat pour enfin prendre l’enfant au sérieux?


 

Qu’on le veuille ou non, l’enfant est souvent le parent pauvre de la politique.

C’est vrai, il n’est pas un électeur et sa parole ne vaut pas grand-chose.

Oh! oui, il a une valeur en tant que «possession» de ses parents et adulte en devenir qui pourra alors rendre service à son pays (nombre de natalistes s’inquiètent avant tout de la baisse du nombre d’enfants pour des motifs uniquement économiques et parce qu’il y aura moins de soldats pour défendre le pays!) mais une valeur en soi n’est pas vraiment de l’intérêt de l’Etat…

Tous les défenseurs des enfants et de l’enfance le savent bien quand ils constatent que les enfants, même dans les pays les plus développés et les plus respectueux de leur condition ainsi que de leurs droits, sont peut-être prioritaires dans les déclarations mais beaucoup plus rarement dans les décisions des politiques.

Alors, la création d’un Haut-commissariat à l’enfance promis en fin d’année dernière par Emmanuel Macron et dont le décret de création vient d’être publié au Journal officiel, va-t-il enfin placé l’enfant au cœur des préoccupations de la société?

On peut l’espérer tout en demeurant dubitatif au vu de l’expérience passée.

Si l’on regarde les attributions données à cette nouvelle instance dont on veut croire qu’elle sera autre chose qu’un «comité bidule» ou une vitrine vide, on se dit qu’elle a, en tout cas les capacités d’agir sur tout le spectre de l’enfance et dans la durée.

Ainsi, le Haut-commissariat a pour missions :
«1° D'organiser la concertation et de conduire le dialogue avec les principaux acteurs concernés par la politique de l'enfance ;
2° De coordonner, au niveau interministériel, les travaux et actions relatifs à la politique de l'enfance ;
3° De proposer des orientations permettant notamment de lutter contre les violences faites aux enfants, de renforcer l'action de l'Etat en faveur des enfants vulnérables et protégés, d'améliorer l'accueil des jeunes enfants, de promouvoir le bien-être et la santé des enfants, de les protéger dans le champ du numérique et de lutter contre les inégalités de santé ;
4° D'assurer le suivi de la mise en œuvre ainsi que l'évaluation des politiques engagées.»

Mais l’on voit tout de suite qu’il n’a aucun pouvoir de décision donc d’imposer quoi que ce soit pour le bien de l’enfant.

Et puis évidemment ce que ne dit pas le décret, ce sont les moyens qui lui seront alloués.

Car sans finance et sans un personnel conséquent et qualifié, il sera une coquille vide comme le sont tant de structures créées pour tenter de faire croire que les pouvoirs publics vont enfin agir.

Cependant on ne peut évidemment pas condamner ce Haut-commissariat à l’enfance avant même qu’il ait commencé à fonctionner.

De même, ses attributions peuvent laisser espérer qu’il sera un phare dans la défense de la cause des enfants.

Néanmoins, le bilan en la matière de la présidence d’Emmanuel Macron, même s’il n’est pas catastrophique et a connu quelques bonnes volontés à défaut de grandes réalisations, n’est pas à la hauteur.

Malheureusement, on peut dire la même chose de ses prédécesseurs…