Violences en tout genre, des images au propos, du
harcèlement moral et physique à l’enrôlement dans la prostitution, voici ce à
quoi sont confrontés les enfants sur internet et pas seulement sur les réseaux
sociaux ou les sites pornographiques.
Pensé comme un média qui serait un espace de liberté (et non
de licence) et de connaissance, le web n’est en fait que le reflet de la
société.
Et face à la société et à ses abus, la protection de
l’enfance est une évidence, un devoir, une mission.
L’objectif est d’empêcher le danger dans la sphère enfantine
le plus possible.
Et cela devait être le cas pour internet qui ne peut être
considéré comme une sphère en dehors du droit international ou local.
Or c’est bien trop souvent ce qui est le cas.
Dès lors, les enfants qui l’utilisent pour visiter des sites
ou participer à des réseaux sociaux sont exposés à une multitude d’agressions
qui seraient considérées comme inacceptables si elles se déroulaient ailleurs.
Le constat est là: internet est largement un gâchis pour ce
qui est de sa mission vis-à-vis des enfants même s’il ne faut pas passer sous
silence toutes les opportunités positives qui s’offrent à eux.
Faisons donc en sorte qu’il n’y ait plus que ces
opportunités qui leur soient accessibles.
Ce n’est évidemment pas simple parce qu’il ne faut pas
tomber dans l’interdiction stupide voire réactionnaire pour qu’internet soit un
vrai outil d’émancipation.
On doit se réjouir que les législateurs dans certains pays
notamment européens prennent des initiatives et des mesures pour protéger les
enfants contre les méfaits d’internet.
C’est le cas en ce moment de la Grèce, de la France et de l’Espagne
qui ont présenté à l’Union européenne des mesures pour encadrer l’usage des
plateformes en ligne par les enfants.
Ces trois pays dénoncent les algorithmes qui exposent les
enfants à des contenus addictifs avec les problèmes d'anxiété, de dépression et
d'estime de soi.
Ils sont également inquiets de l'exposition aux écrans dès
le plus jeune âge qui pourraient entraver le développement des apprentissages
essentiels et des compétences relationnelles des jeunes enfants.
Ils demandent la fixation d'un âge de majorité numérique à
l'échelle européenne qui empêcherait les enfants d’accéder aux réseaux sociaux
sans consentement parental, mesure qui est déjà contenue dans la législation
française mais n’a pas pu encore s’appliquer faute d’accord avec l’UE.
«La vérification de l'âge, c'est possible. C'est d'ailleurs
déjà en cours en France pour les sites pornographiques, on veut la même chose
pour les réseaux sociaux » a déclaré la ministre chargée du Numérique,
Clara Chappaz.
De son côté, la Commission européenne ne demeure pas
inactive.
Ainsi, elle veut mettre en place une application de
vérification de l'âge qui n’entraînerait pas la divulgation de données
personnelles.
Elle vient également de rédiger des lignes directrices
provisoires à destination des plateformes pour mieux protéger l’enfance mais
qui ne seraient pas obligatoires.
Rappelons que la Commission a lancé des investigations à
l’encontre de Facebook, Instagram et TikTok qui refusent de protéger
convenablement les enfants des contenus violents au motif que ce serait aux
applications installées dans les ordinateurs de le faire.
Enfin, elle a également lancé des enquêtes sur des sites
pornographiques qui n’empêcheraient pas les enfants de les consulter.
Tout cela va dans le bon sens mais demeure encore
insuffisant sachant que la régulation humaniste d’internet ne se fera de
manière efficace qu’au niveau mondial et qu’on en est encore très, très loin…